Aujourd’hui, elle sortait. Marre des égouts puants où elle devait passer le plus clair de son temps, de peur de se trahir elle-même. Marre de la ville, pleine d’humains arrogants qui se croient meilleurs que ce qu’ils sont en réalité. MARRE. Alors, pour une journée, Thelasa disparue. Elle n’était pas si loin, mais, elle était un lieu qu’elle avait trouvé récemment, dans une autre de ses sorties.

Lors de sa dernière sortie, Thelasa avait poussé plus loin sa reconnaissance du territoire entourant Ekiard. Elle s’était déjà rendue loin, mais elle n’avait jamais pris le temps d’explorer dans les moindres détails la région. Alors, elle avait décidé d’explorer les rives du fleuve Alwine. Et c’est ainsi que, à travers les arbres, Thelasa découvrit un bout de terrain sans arbres. Un petit endroit caché des yexu grâce à de hauts rochers, de petite pousse d’arbres toutes mignonnes et un coin de fleuve, que les pierres cachaient puisqu’elles allaient jusque dans l’eau. Alors, coup de chance, la jeune jument avait pu se transformer en centaure, sa forme naturelle, et elle avait pu se laver entièrement et elle avait pu se prélasser dans l’eau.

Aujourd’hui, Thelasa ressentait encore l’envie de se couper de la civilisation humaine afin de passer du temps dans son corps naturel. Elle était donc sortie, sous sa forme humaine, avec un grand panier, un peu comme si elle allait porter de la nourriture à des travailleurs des champs, ce qui était très courant. Les gardes l’avaient donc laissée sortir sans la fouiller, ce qui la ravissait. Elle n’aurait pas pu se contrôler si des hommes l’avaient touchée. Elle se serait surement débattue et aurait risquée de briser sa couverture de petite humaine…

Quittant les chemins de terre serpentant à travers les champs, elle s’engagea donc dans un endroit sans piste. Descendant à travers les arbres. La journée était presque terminée, le soleil se couchait lentement. Quel meilleur moment pour une baignade? Thelasa se rendit donc à son nouvel endroit fétiche, coincé entre des rochers. Se dévêtissant et reprenant sa forme à demie animale, la jeune femme se glissa dans l’eau. Le contact du liquide glacé contre sa peau la fit frissonner. Avançant un peu dans le courant, elle ferma les yeux de délectation en sentant le liquide la purifier.

Meereen était partie tôt de ce petit village. Lorsque le corps serait découvert, il vaudrait mieux pour elle qu'elle soit suffisamment éloignée pour que personne ne puisse la rattraper. Il avait été très fougueux, lui avait donné un plaisir inoubliable mais son sang avait été tellement délicieux qu'elle n'avait pu résister à l'envie de le supprimer de ce jeune corps.

Menant Vulcain au petit trot, la vampire arriva en vue d'un cours d'eau. Parfait, le hongre avait besoin de se désaltérer. De plus, les ombres créées par les arbres alentours permettraient à Meereen de se reposer un peu. Le soleil même couchant commençait à lui brûler la peau malgré sa cape.

Elle démonta, ôta selle et filet afin que le hongre puisse bouger en toute liberté et pendant que celui-ci s'approchait du fleuve, elle alla se réfugier sous un arbre.
Mais son répit fut de courte durée. Elle entendit bientôt un bruit étrange. Comme un cheval marchant dans l'eau. Mais Vulcain buvait. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : elle n'était pas seule.

Meereen tendit l'oreille et suivit ce bruit rapidement étouffé. Avançant doucement, essayant de rester sous le couvert des arbres, elle aperçu rapidement un terrain désert. Aucun arbre, juste des rochers. En observant plus attentivement, elle vit également une jeune femme en train de se baigner. N'étant pas une voyeuse, elle voulut détourner le regard ... mais son regard tomba sur quelque chose d'inhabituel : un corps de cheval.
Soit il était très petit et en train de se noyer puisqu'elle ne voyait pas son encolure ni sa tête, soit la jeune femme n'était pas humaine. Ne voyant aucun équipement alentours, la vampire conclut avec un fin sourire qu'elle avait devant les yeux une centaure.

Elle n'en avait jamais vu, mais surement devaient-ils avoir le même comportement que les chevaux. Regardant l'arbre à côté d'elle, elle tira sur une branche et la relâcha. Celle-ci alla s'empêtrer dans les autres branches en faisant un bruit peu habituel. Peut-être cela attirerait-il son attention ?

La jeune femme se baignait tranquillement. Elle prenait son temps, sous ce clair de lune tout naissant, afin de laver chaque parcelle de ses formes. Avant tout, elle avait voulu retrouver sa vraie nature et s’était couchée dans l’eau sous sa forme de centaure. Son torse humain et une partie de son corps à la forme chevaline. Elle frottait ses poils, commençant par ses pattes de devant. De sa besace, elle avait uniquement sortit un savon, laissant en place la courte épée, cachée avec d’autres effets personnels, tels ses vêtements.

C’est ainsi, en se frottant le corps, que la femme mi cheval entendit un claquement sec. Une branche, tapant contre les autres, comme si on l’avait par mégarde accrochée dans un vêtement alors qu’on épiait une hybride… Eh mince! Se retransformant rapidement, celle qui était désormais humain bondit vers ses affaires, passant rapidement une robe longue blanche et se saisissant de la courte épée. Elle se maudit de ne pas avoir pensé à apporter plus d’armes. Ou des armes plus efficaces que ce petit couteau.

Thelasa se glissa entre des rochers, disparaissant à la vue de possible observateurs ou voyeurs. Se glissant silencieusement vers les arbres, elle ne fit presqu’aucun bruit, exactement comme on le lui avait enseigné. Doucement, elle se cacha entre les arbres, tentant de trouver l’origine du bruit. Si elle trouvait la personne, elle n’aurait d’autre choix que de l’achever, de peur que cette personne ne la dénonce aux autorités et qu’elle ne soit tuée ou, pire, faite esclave.

Meereen s'amusa en voyant la réaction de peur de la centaure. Celle-ci se métamorphosa en humaine et courut se cacher dans les arbres. Levant le nez, la vampire s'aperçut que le soleil était définitivement couché. Elle s'aventura hors du couvert des arbres.

Meereen ôta alors sa cape, dévoilant ainsi son visage et le fait qu'elle n'avait pas d'armes. Mettant ses mains en évidence, elle prit alors la parole d'une voix suffisamment forte pour que la personne l'entende.

"N'ayez pas peur, je ne vous veux aucun mal."

Thelasa s’était cachée entre les arbres, armée du couteau long qu’elle avait apporté pour trancher la nourriture. Peut-être lui servirait-il à trancher autre chose aujourd’hui… Qui sait! Elle se faufilait silencieusement, cherchant la source du bruit, ce qui avait causé ce claquement de branches. C’était forcément un être vivant. Mais ami ou ennemi? Elle ne savait pas. Le soleil s’était couché, le ciel était sombre sans être encore totalement noir. Mais cette absence de lumière permettait à la centaure de ne pas se faire repérer.

C’est alors qu’une femme apparue à la lisière des arbres. Elle releva sa cape et leva les mains. Elle ne tenait aucune arme et ne semblait en avoir aucune sur elle. Peut-être n’était-elle pas mauvaise, dans ce cas… Et elle s’exprima alors haut et fort.

"N'ayez pas peur, je ne vous veux aucun mal."

La centaure hésitait à sortir. Et si cela était un piège? Que faire… Sortir et foncer dans le tas si on tentait de la capturer, ou rester à couvert et la jouer discrète? Thelasa n’était pas du genre sage, même si elle aurait normalement dû l’être plus que les autres. Elle sortit donc du couvert des arbres, son couteau à la main.

-Alors que me veux-tu? Pourquoi m’épiais-tu?

La vampire attendit un moment avant d'apercevoir la personne en question sortir du couvert des arbres.

-Alors que me veux-tu? Pourquoi m’épiais-tu?

Meereen haussa un sourcil. Était-elle toujours aussi agréable, ou était-ce la peur qui la rendait ainsi ?
La vampire préféra se baser sur la deuxième hypothèse. C'est donc d'un ton doux et agréable qu'elle répondit :

"Je ne te veux strictement rien et je ne t'épiais pas. J'arrive tout juste d'un village et ma monture commençait à fatiguer. Elle est par là-bas." Dit-elle en montrant la direction d'où elle arrivait. "J'ai été surprise quand j'ai entendu des bruits de pas dans l'eau. Je pensais être seule tu comprends ?"

Meereen n'avait certes pas peur de l'inconnue, mais celle-ci ne l'avait peut-être pas encore confondue.