Rappel du contexte
Objet de quête -> Votre personnage doit perdre tout son argent et ne plus pouvoir faire face à ses dettes
Défis -> Palustre, aporie, vacuité
Quête
Comme à son habitude, Vuf gambadait dans la forêt sous forme d’humain. Il était encore trop proche de l’orée de la forêt pour se permettre de se changer en loup.
Le loup-garou cherchait une petite proie afin de satisfaire son estomac.
Au détour du chemin qu’il suivait, il se retrouva face à un humain. Vuf voulut passer son chemin, mais l’homme l’interpella :
"Hé toi. Ca te tente une course contre moi ?"Le loup-garou le regarda avec de grands yeux ronds. C’était une blague ? L’humain comptait vraiment le défier
lui à la course ? Il était un loup-garou, autant dire qu’il était imbattable à la course. En tout cas, face à un humain. Car face à un loup-garou adulte, il serait bien en peine.
Refusant d’un signe de tête, Vuf commença à s’éloigner lorsque l’humain le retint en l’attrapant par le bras.
"Tu as si peur de moi ? HAHA tu fais bien, je suis le meilleur coureur de tout le Royaume ! Tu as déjà entendu parler de moi, c’est ça ?"Le loup-garou n’appréciait pas qu’on le retienne et encore moins qu’on se vante en face de lui.
"Non, je ne sais pas qui vous êtes.""Tu n’as jamais entendu parler de Nathan Aoï ?! Le célèbre coureur ? Je suis tellement rapide que je n’ai pas besoin de monture !"L’homme semblait ahuri. Vuf était-il vraiment la seule personne à ignorer le nom de cet humain ?
Passablement agacé, le loup-garou changea d’avis.
"Ok, je relève le défi. Mais je veux rendre ça intéressant : que se passe-t-il si je gagne ?""Haha, tu ne gagneras jamais ! Je suis prêt à parier ma bourse pleine de pièces d’or ! Par contre, si je gagne, tu me donneras tout ce que tu possèdes."Il pariait de l’argent ? Avec un sourire en coin, Vuf accepta. Il n’avait pas d’argent mais il savait qu’il gagnerait. Et réduire l’orgueil de cet homme en miettes serait sa plus belle récompense ! Et lorsque la course serait terminée, le loup-garou serait aussi riche qu’un bourgeois !
Les deux participants se préparèrent. Lorsque le top départ fut donné, Vuf laissa l’homme quelques mètres derrière lui. Il comptait bien l’humilier et réduire à néant toutes ses prétentions.
Après avoir franchi l’arrivée, Vuf se retourna et constata que l’écart s’était creusé d’une dizaine de mètres.
Avec un franc sourire, le loup-garou tendit la main, prêt à recevoir
sa bourse.
Mais l’humain était blessé : personne ne l’avait jusque-là vaincu ! Aucun doute, celui-là avait triché ! Comment, il ne le savait pas, mais il était sûr de ce fait !
"Je ne sais pas comment tu as fait, mais il est clair que tu as triché. Je ne te donnerai rien !""Vous ne respectez pas les termes que vous avez vous-même
dictés.""Je n’ai pas de leçons à recevoir d’un tricheur."La moutarde monta rapidement au nez du loup-garou. Alors, il se transforma, fusa sur l’humain et planta ses crocs dans la gorge de celui-ci.
En effet, Vuf en avait assez de se cacher. Il voulait vivre, montrer à la face du monde qu’il était un loup-garou capable de tuer n’importe qui en deux coups de dents !
Même s’il était encore loin d’égaler les loups-garous adultes, sa vitesse et sa puissance étaient bien supérieures à celles des humains ordinaires, même adultes. Il ne lui serait guère compliqué de faire disparaitre un ou deux énergumènes de cette race s’ils tentaient de le dénoncer.
Reprenant sa forme humaine, Vuf s’empara de la bourse du cadavre. Si cet homme avait réfléchi, il aurait pu comprendre pourquoi il avait perdu. Encore qu’un humain aurait pu le confondre avec un elfe …
La vacuité de la boite crânienne de cet homme ne faisait aucun doute !
Faisant sauter la bourse dans sa main, le loup-garou prit la direction du village. Il trouverait bien une façon de dépenser tout cet argent.
En arpentant les rues et les ruelles dans l’espoir d’apercevoir une auberge où il pourrait se reposer, Vuf rencontra un individu tout encapuchonné.
"Sauriez-vous où je pourrais trouver une auberge ?"L’individu posa ses yeux sur la bourse du jeune homme. Celui-ci n’ayant ni poche ni de manteau, il ne pouvait faire autrement que garder la bourse dans sa main.
"Je vais t’indiquer une auberge où tu pourras gagner bien plus que ce que tu as déjà.""Non, je veux juste me reposer un peu.""Tu pourras te reposer plus tard, quand tu auras autant d’or que le Roi. Qu’en dis-tu ?"Vuf n’en avait strictement rien à faire. Avoir de l’or … c’était pour les matérialistes ça ! Lui ne croyait pas en l’argent.
Voyant que le loup-garou n’avait pas l’air intéressé, l’homme rajouta :
"Je vais te faire découvrir un jeu amusant. Dans cette auberge, si tu te sers de ta tête, tu peux rafler le gros lot.""Qu’est-ce que c’est ?"L’homme ne répondit pas. Il tourna les talons et commença à s’éloigner.
La curiosité de Vuf eut raison de sa prudence. Le jeune homme décida de suivre l’inconnu. Celui-ci les mena dans une auberge au nom peu rassurant :
Le loup écorché.
Vuf fut tenté de s’arrêter là et de chercher une autre auberge, mais l’homme s’était introduit dans cette auberge.
Le loup-garou poussa la porte, entra … et faillit s’évanouir : l’odeur qui se dégageait de ce lieu était tout bonnement insupportable !
"Installez-vous à cette table."L’inconnu l’invita d’un grand geste du bras à rejoindre une table où plusieurs hommes étaient déjà assis.
Malgré l’invitation de l’homme, Vuf préféra rester debout. Il tourna un peu autour de la table, regardant attentivement le jeu. Puis, une main l’attira malgré lui sur l’une des chaises. Le loup-garou regarda le propriétaire de cette main d’un œil mauvais.
"C’est une belle bourse que je vois là. Comment qu’un ptit gars comme toi peut en posséder une autant remplie ?"Ptit gars ?!
Vuf regarda droit dans les yeux l’homme qui l’avait interpellé puis répondit avec un air et un sourire suffisant :
"J’ai plumé plusieurs pigeons de votre trempe."Certains des hommes présents s’esclaffèrent, d’autres serrèrent les dents et froncèrent les sourcils. L’homme qui l’avait amené jusqu’ici faisait parti de ceux qui riaient. Il profita d’un moment plutôt tendu pour amener deux jeux de cartes.
"Le principe est simple. Vous aurez chacun une dizaine de cartes. A chaque tour, vous poserez un à un la première carte de votre paquet au milieu de la table. La carte ayant la valeur la plus élevée fait gagner son joueur. Et les perdants doivent donner au gagnant le nombre représenté sur leur carte en valeur monétaire." (je m’en sors pas sur cette phrase, j’arrive pas à exprimer le truc :s)
"Et ainsi de suite jusqu’à ce que l’un de vous perde pour de bon."Un jeu de hasard.
Rien à voir avec ce qu’il lui avait dit plus tôt.
Si tu te sers de ta tête, tu peux rafler le gros lot.Comprenant qu’il était tombé dans un piège, le loup-garou se releva, mais lorsqu’il voulut quitter sa place, la même main que précédemment le fit se rasseoir sans ménagement.
"Je vous conseille fortement d’arrêter de me toucher." Gronda-t-il.
"T’es là, tu joues. T’as pu le choix maint’nant."D’un rapide coup d’œil, Vuf devina sous les capes autant de lames que de joueurs. Comprenant que le choix ne lui appartenait plus, le loup commença la partie.
A fur et à mesure du jeu, sa bourse se vidait. Conscient qu’une aporie le guettait, Vuf réfléchissait à un stratagème pour s’en aller, pour quitter ce jeu. Car, à la vitesse où le hasard le dépouillait de son bien, le jeune homme n’aurait plus que quelques tours de répit.
Et effectivement, le hasard ne l’épargna pas. Après trois tours, Vuf fut complètement à sec. Quelques tours plus tard, le loup-garou devait près de dix pièces d’argent à chacun des joueurs.
Le jeu s’arrêta.
"Allez, balance !""File le fric ptit gars !""T’as djà plumé des pigeons hein ?" S’esclaffa un autre.
Le loup-garou se leva précipitamment et, voyant les lames aux poings des hommes, courut vers la porte. Là, il courut encore, cherchant à quitter cette ville. Il entendait les souffles et les cris des hommes derrière lui.
Passant devant la place du marché, il entendit plusieurs conversations qu’il ne prit pas le temps de comprendre.
"On peut prendre ça m’man ?""Oui mon chéri.""T’as entendu ? Il parait qu’on a aperçu un être palustre hier.""Nooon ?!""J’te jure qu’si !"Vuf tourna à un coin de rue … et se retrouva dans un cul de sac.
Les hommes étaient derrière lui, il ne pouvait plus fuir.
"T’vas r’gretter d’t’être barré comme ça !"Le loup-garou se retourna.
Faisant face aux humains, il sourit :
"Vous allez regretter de m’avoir suivi."Sans attendre, Vuf se métamorphosa.
Les hommes eurent un mouvement de recul. Il fallait dire que voir un loup qui leur arrivait quasiment au milieu du torse, ça avait de quoi refroidir !
Mais rapidement, ils attaquèrent. Vuf sauta à la gorge d’un homme. Une lame s’enfonça dans son flanc. Hurlant de douleur, le loup se retourna et déchiqueta le poignet de son agresseur.
Les hurlements finirent par rameuter les gardes de la cité, qui vinrent renforcer les rangs des hommes. Vuf fut rapidement dépassé. Il avait beau tuer ceux qui le piquaient avec leurs lames, il ne pouvait s’approcher des gardes. Et ceux-ci le piquaient également de leurs lames anti-magiques, le vidant ainsi de ses forces.
Lorsque Vuf fut complètement épuisé, il n’y avait plus que les gardes debout. Ses pattes étaient entourées par le sang des humains. Mais le loup n’avait plus la force de se battre. Ses pattes tremblaient tant qu’il ne pouvait même plus faire un pas.
Un garde s’approcha alors de lui, une longue épée à la main.
Alors, avant de rencontrer la Mort, Vuf rejeta sa tête en arrière et poussa un long hurlement.
Son dernier hurlement.