Le vent doux glissait sur la plage, sa brise chaude et naturelle frôlait le sable léger, paradisiaque et faisait s’envoler quelques grains assoiffés de liberté. Ils prenaient alors les courants ascendants et parcourraient le monde en croisant des arbres verdoyants, regorgeant de ressources inespérés pour tous naufragés. Puis ils retombaient tristement sur le sol, rejoignant ainsi d’autres camarades condamnés au milieu terrestre, ils roulaient pensivement jusqu’à la mer, puis s’emmêlaient dans de longues mèches d’ébènes elles aussi battues par le vent. Mais bien que plus légères, ces dernières restaient ostensiblement accrochées à leur rocher impassible, se contentant simplement de subir les impulsions du vent tout en tâchant de retenir parmi elles les quelques grains de sable aventuriers qui étaient arrivés jusqu’à elles.

Ewald grogna en reprenant conscience.
Il n’avait pas la moindre idée d’où il était, ni de ce qu’il y faisait. Fouillant dans sa mémoire, seul le noir envahissait ses souvenirs de ces dernières vingt-quatre heures. Il ne savait qu’une chose : il avait un mal de crâne terrible ! Puis un froid intense s’empara de ses jambes et fit ouvrir les yeux du conseiller avec sursaut. Quoi ?!
Il se rasséréna un instant en constant qu’il ne s’agissait que de vagues, avant de s’inquiéter parce qu'il s'agissait justement de vagues. Il se retourna sur le dos, se redressa sur son séant et essuya le sable qui s’était collé à son corps pendant son inconscience. Comme diable était-il arrivé ici ?! Lui qui se souvenait des murs froids et imposant d’Ekiard, comment avait-on pu le mener si loin ? Si près de la mer ? De l’océan ? Le chef rebelle fronça les sourcils et regarda autour de lui. Il lui paraissait être seul, mais dans ce cas pourquoi ? Qui avait fait ça ? Dans quel intérêt ?! Se frottant doucement la tête, Ewald se leva finalement et amorça quelques pas vers la lisière de la forêt sans y entrer tout de suite. Quel était le meilleur choix ?
Longeant la jungle et le banc de sable, le conseiller si mit en branle pour chercher une âme qui vive.

Ewald parcourait la langue de sable sans que rien n’accrocha son regard. Il n’y avait là que des arbres, des rochers et des buissons. En d’autres circonstances le conseiller aurait parfaitement pu faire une pause et admirer la beauté du paysage. Un paysage qui aurait pu amener des individus à tuer pour prendre sa place. Tout était tellement à couper le souffle! Mais le loup était bien trop terre à terre pour se laisser à ce doux rêve de cocotier. Non, lui ne pensait qu’à la cour, à la rébellion et aux morts innocents provoqués par un roi aussi susceptible que capricieux.
Il fallait qu’il rentre !

-Il y a quelqu’un ? Tonna-t-il d’une voix grave.

Pourtant, malgré la portée de cette dernière, seul l’écho lui répondit tandis que quelques oiseaux s’envolèrent peureusement. Fichtre ! Etait-il vraiment si seul ? Il en doutait. Il avait bien fallu que quelqu’un l’amène ici après tout !
Cependant la plage prenait fin et le noble n’avait toujours rien trouvé de concluant. C’est donc en soupirant qu’il se tourna vers la forêt… et repartit de nouveau à la recherche d’individu. Il le sentait pourtant. Il le savait ! Il n’était pas seul !

Ewald continuait ses recherches, mais n’y avait-il donc rien ni personne sur cette île ?! Sourcil froncés, s’interrogeant plus encore sur les raisons qui avait poussé on kidnappeur à l’amener ici, le loup sent soudainement une présence. Il fait alors plusieurs tests, s’arrête, écoute, mais rien. Ce n’était pas faute de se sentir observer pourtant… Puis tout à coup il s’interrompt plus franchement qu’avant et entend enfin ce donc il se doutait. Se tournant vers le bruit non loin de là, il essai de déterminer ce qui la provoquer. Etait-ce un homme ou un animal ?
Le chef rebelle hausse un sourcil, puis prend clairement l’air éberlué :

-Seigneur Evelyne ?

Non ! Impossible ! Pas… dans cette tenue ?
C'était quoi ce bordel?!