Nom : Destitution de nom de famille. Sinon, il s'agissait de "Libel".
Prénom : Alister
Date de naissance: 22 Siram 1533.
Age : 19 ans.
Sexe : Masculin
Race : Hybride chacal
Physique : Alister est très jeune et ça se voit. D'ailleurs, on ne lui donne pas toujours ses dix-neuf. Certains voient en lui un adolescent de quinze ou seize alors qu'il a déjà sa majorité.
Il est de taille moyenne – entre 1m70 et 1m80 – et de corpulence mince. Il n'est pas du genre à avoir grand appétit, se contentant de ce qu'on veut bien lui donner. De plus, il apprécie pratiquer l'escrime bien que ses compétences en cet art soient vraiment rudimentaires. Il a des traits peu efféminés, mais ça ne choque pas spécialement chez lui. Au contraire, certains peuvent trouver ce côté assez sexy. Son corps n'est pas dépourvu de muscles mais ceux-ci sont plutôt discrets. Ce qui attire plutôt les yeux, ce sont les cicatrices qui couvrent son corps, suite aux mauvais traitements qu'il a reçu tout au long de sa vie. Et on peut dire que certains de ses maitres n'étaient pas tendres avec lui.
Ses courts cheveux sont châtain clair, virant vers le blond lorsqu'il est au soleil. Ses yeux sont d'un bleu très pâle, proche du gris métallique semblable à l'acier.
Niveau vestimentaire, il faut dire qu'il n'est vraiment pas difficile. L'hybride met ce qu'on lui ordonne de mettre. Il a cependant une préférence pour les vêtements sobres sans froufrous ni fantaisies ni trop colorés pour ne pas attirer l'attention sur lui. Il ne porte pas non plus de bijoux ou autres breloques à l'exception d'un collier composé d'une fine chaine et d'un pendentif en forme de chacal ou de loup selon la vision qu'on a. Il l'enroule autour de son poignet gauche, seule possession et seul souvenir qu'il a de sa famille.
Caractère : Alister est comme un chien qu'on aurait dressé. Ayant toujours été enfermé et traité comme un esclave ou un serviteur depuis sa plus tendre enfance, il vit en permanence sous les ordres de quelqu'un. Il est obéissant et docile, faisant volontiers les tâches – même les plus ridicules - qu'on lui ordonne pour éviter les réprimandes. Son côté survivaliste et optimiste lui donnent une volonté de fer, subissant toutes les fantaisies de ses maitres. Il est d'un calme olympien qui ferait pâlir une statue. Il est silencieux, parlant très peu. Il ne parle que lorsqu'on lui adresse la parole, sinon pas un son ne sort de sa bouche. Certains ont même pensé qu'il était muet, mais loin de là. On lui a rarement demandé son avis, se faisant souvent battre quand il disait quoi que ce soit de ses pensées. Il a donc appris à se taire.
Ne pensez pas qu'il est idiot parce qu'il est un serviteur. Son premier maitre lui a appris pas mal de chose, notamment à compter, à lire – même des cartes – et à écrire. Certes, ce n'est pas la perfection mais il sait se débrouiller. De plus, ayant passé sa vie avec des nobles en tant que serviteur, il laissait souvent trainer ses oreilles dans les conversations. De cette manière, l'hybride apprit également pas mal de chose, surtout dès que ses maitres faisaient des sorties chez leurs amis ou autres. Et étant en plus d'un naturel curieux, croyez bien que rien ne lui échappe, s'abreuvant des savoirs de la noblesse. Cependant, il préfère garder ses compétences sous silence afin de ne révéler à personne qu'il pourrait être un esclave ou un serviteur intelligent, ce qui pourrait mettre en rogne ses maitres. Il se fait donc passer pour un idiot. Pourtant, Il pourrait faire un excellent interlocuteur. Par contre, ce qu'il accepte volontiers de montrer, ce sont ses savoir-faire de musicien puisqu'il joue très bien de la harpe et du violon.
Attention, ne croyez pas qu'il s'agit d'un chien complètement dressé! Bien qu'il obéisse au doigt et à l'œil, certains ordres sont refusés catégoriquement. Alister canalise sa colère et son envie de riposter jusqu'au moment où on dépasse ses limites. Là, il peut devenir vite agressif. Faire du mal à autrui par plaisir ne fait pas partie de ses principes. Tout ordre du même genre sera refusé, peu importe les conséquences. L'hybride est rusé et peut se montrer plein de ressources. Fins observateur, il remarque ce que les autres ne voient pas et les retient, souvent à ses dépens. Alister peut se montrer attentionné et protecteur envers son maitre, surtout si celui-ci le lui rend bien. Mais il a énormément de mal à faire confiance à autrui et à se créer des relations amicale avec les autres. Il voit ses liens comme des espèces de contrat. Tant que le contrat n'est pas rompu, il restera calme et obéissant, donc le cas contraire, son côté rebelle prendra le dessus.
Histoire : Alister est né dans une famille avec des revenus modestes.
Ses parents n'avaient pas spécialement une grande maison, mais ils avaient suffisamment pour vivre heureux avec leur premier enfant. Ils étaient tous les deux des hybrides avec une appartenance animale. L'un était un demi-chacal, l'autre un demi-renard. Et l'union de ses deux êtres donna naissance à un autre hybride, mais qui prit plus les traits de sa mère que de son père. Mais qu'importe, les parents chérissaient leur enfant plus que tout. Imaginez donc leur joie des deux parents quand ce petit bout vint au monde. Il n'y en avait plus que pour lui! Il avait sa propre chambre, déjà des tas de jouets en bois fabriqués exclusivement par le père, des jolis vêtements tricotés par sa mère. Une vraie folie à la maison! Mais l'une des plus heureuses qui soit!
Alister est bien entendu son vrai prénom. Il a beau avoir été traité de tous les noms possibles et inimaginables, lorsqu'il se présente, il donne toujours son véritable prénom. C'est l'un des seuls choses qui lui permet de se raccrocher à ce qu'on appelle une "famille".
La petite famille vivait dans une petite bourgade. Les deux parents étaient tous les deux des tisserands, vendant de magnifiques étoffes à des prix raisonnable. Il leur arrivait encore bien d'aller vendre leurs produits sur le marché local. Cependant, ils avaient aussi une autre activité qui se déroulait plus dans l'ombre, à l'insu des habitants. Les hybrides étaient loin d'être neutres, faisant partie de la rébellion contre les anti-mages. Ils n'étaient pas de ceux qui étaient les plus actifs, prenant leur temps pour préparer leurs plans. En revanche, dès qu'ils passaient à l'action, ils pouvaient faire très mal, sans laisser de trace de leur passage. De vrais fantômes! D'ailleurs, ils en prirent le surnom de "Fantôme Gris" en référence aux dernières visions qu'on peut avoir d'eux avant qu'ils ne tuent leur victime, sous-entendant leur fourrure.
C'était le seul indice qu'on avait d'eux. Difficile de connaitre leur identité de même que leur localisation… Cependant, pas facile tout compte fait de ne pas laisser de trace… des pattes de canidés! Donc on pouvait faire le rapproche avec les agresseurs, mais encore fallait-il y penser. En fin de compte, on déduit grâce à un anti-mage qu'il s'agissait d'hybride. Combien? On l'ignorait car toutes les traces de pattes se ressemblaient. Les premiers pièges posés furent des échecs cuisants. Les deux chacals parvenaient à passer dans les mailles du filet. Il fallait donc en trouver un plus petit, se révéler plus malin qu'eux.
Au fil des enquêtes, d'autres indices venaient s'ajouter à la liste. Une ville et ses alentours étaient pris pour cible par nos deux mystérieux tueurs. Donc cela voulait dire que ceux-ci vivaient dans les environs. Les fouilles commencèrent donc dans les petits villages, perdant au passage quelques membres de l'inquisition. Heureusement que l'anti-mage en chef arrivait toujours à s'en tirer, commençant vraiment à en avoir marre des parties de cache-cache avec les hybrides. L'Inquisiteur dénicha cependant une créature magique qui lui proposait de dénoncer les coupables s'il lui laissait la vie sauve. Un couard qui ne savait pratiquement rien finalement. Il leur apprit juste que les assassins se trouvaient dans une rue proche de la place du marché, en ville. N'ayant aucun nom à offrir, le lâche finit par être pendu. De toute façon, même s'il avait donné leur vrai nom, il aurait quand même subi le même sort. Quoique, la mort aurait sûrement été plus rapide.
Il n'empêche que l'anti-mage tenait une piste.
De bruits… des cris… Inquisition de nuit!
Plusieurs hommes dont un anti-mage – toujours le même – fouillaient toutes les maisons, certains désormais que les hybrides habitaient le quartier. Tout ça n'annonçait rien qui vaille pour la petite famille. Ils ne pouvaient pas rester chez eux, sinon ils risquaient de se faire repérer et capturer pour finalement être exécutés. Ils comptaient sortir en douce pendant que les hommes étaient occupés au début de la rue.
Le père comptait attirer l'attention sur lui pendant que la mère filerait avec leur petit de cinq ans. Sous forme animale chacun, ils mirent leur plan à exécution. Sortant en premier, le mâle fonça droit vers le petit groupe qui s'était formé devant plusieurs maisons. La femelle sortit à son tour avant de s'engouffrer dans une autre ruelle. L'anti-mage avait bien prévu son coup finalement. Les deux créatures magiques s'étaient montrées, il ne restait plus qu'à les coincer. La ville était de toute façon bouclée, ce n'était plus qu'une question de temps.
Les deux chacals s'en rendirent compte trop tard. La mère essayait désespérément de trouver une issue à ce cauchemar. Des soldats étaient postés aux différentes sorties de la ville et à certains coins de rue. Pas moyen de s'enfuir sans se faire voir ou se faire attraper.
La femelle se savait déjà perdue. Ne voulant pas que son petit finisse entre les mains des anti-mages, elle le laissait près d'un amas de caisses en bois et de pailles, près d'une écurie avant de s'échapper, espérant pourvoir semer ses ennemis et revenir chercher son enfant plus tard. Même si elle avait le cœur lourd, la mère savait très bien que son petit pouvait survivre un moment sans elle. Il était déjà plein de ressources, même à cinq ans, avantage d'être un hybride animal.
Elle disparut bien vite dans une ruelle…
* *
*
Voilà trois jours qu'Alister était livré à lui-même. Ses parents avaient disparu… Le gamin était loin de penser qu'ils avaient été capturés. Leurs têtes trônaient sur ses piques à l'entrée de la ville en guise d'avertissement. Le garçon ne savait pas quoi faire ni où aller. Il attendait avec l'espoir le retour de sa mère, n'ayant pas bougé de sa cachette depuis la nuit fatidique.
Cependant, la faim se faisait lourdement sentir. Et s'il ne mangeait pas rapidement, son estomac allait se dévorer lui-même. Elle le poussa donc à quitter son abri, l'emmenant vers la place du marché. Alister fut alors attaqué par mille et une odeurs dont certaines étaient plus alléchantes que d'autres. Si la peur ne lui tenait pas autant le ventre, il se serait déjà jeté sur les étalages pour engloutir tout ce qui était comestible. Mais en cet instant, la peur était encore bien plus intense que la faim. A la place, il parcourra le marché à la recherche de nourriture tombée au sol. Mais le gosse ne trouva pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Il décida de passer à une autre tactique, d'autant plus risquée. Il continua son tout comme si de rien était, se faufilant entre les gens. Il cherchait quelqu'un qui serait facile à voler, à chaparder. Il finit par apercevoir sa victime, un autre panier sans défense rempli de fruits et de légume. L'enfant jeta un coup d'œil à son propriétaire, un vieil homme qui avait l'air occupé à regarder des étoffes.
S'approchant furtivement, il garda les yeux rivé sur les pommes. Jetant un dernier regard au vieux, il tendit la main pour se saisir d'une pomme, puis en prit une deuxième. Il allait chopper une troisième lorsqu'il sentit une main lui agripper l'épaule. Poussant un cri de surprise, Alister se retourna vivement. Un grand gaillard le saisit par le col et le souleva sans mal, le regardant d'un air furieux.
Celui-ci prévint le vieil homme. Interloqué, il se tourna vers son homme de main qui tenait le gamin terrorisé. Le serviteur accusa rapidement le gosse de vol. D'ailleurs, celui-ci n'avait pas encore lâché les fruits, trop effrayé pour faire quoi que ce fut. Le vieil homme saisit enfin, se mettant à sourire:
Un petit voleur hein? Bof… laisse-le! Et les deux pommes aussi! Ça m'apprendra à ne pas surveiller mes affaires!Le garde haussa les sourcils, ne comprenant pas ce geste de sympathie. Il hésita un moment avant de déposer le gamin sur ses deux pieds. Celui-ci leva son regard sur le vieux avant de fondre en larme et de venir se serrer contre ses jambes. Le vieil homme sourit un peu plus et tapota gentiment sur la tête du garçon avant de se détacher. Il soupira, n'ayant pas trop voir les enfants pleurer. Il regarda autour de lui mais personne ne semblait venir chercher ce gosse. Était-il seul? Son regard se reposa sur le concerné et lui ébouriffa les cheveux. Lui demander où étaient ses parents ne servait à rien. Les larmes dans ses yeux prouvaient que ce gamin était totalement perdu. Le vieux sourit encore et se tourna vers son homme de main:
Liam, occupe-toi du gamin tu veux bien!Ce n'était pas une maison que ce vieux possédait, mais bien un grand manoir. Pour Alister, la demeure ressemblait plus à un château. Et en entrant dans le hall, l'émerveillement et l'étonnement le saisirent, lui coupant le souffle. L'intérieur était encore plus impressionnant avec toutes ces tapisseries et ces statues. Cependant, il ne put pas admirer davantage tous ces trésors. Le géant nommé Liam l'emmena rapidement dans une autre pièce où attendait une vieille femme. Elle leva un sourcil en le regardant de haut en bas, se demandant d'où pouvait bien sortir ce gnome. Elle soupira et attrapa le gosse par le bras. Passant dans une autre pièce, la dame le rhabilla rapidement, lui offrant des habits simples mais confortables. Elle jeta les guenilles dans un coin avant d'emmener le gamin dans la cuisine pour le faire manger jusqu'à plus faim.
Puis, les choses se corsèrent. Alister n'était certaine pas là en tant qu'invité. S'il voulait rester chez le noble, il avait plutôt intérêt à se faire une place à son service comme domestique. De plus, la vieille femme n'était pas des plus faciles. Certes, elle était attentionnée mais stricte et sèche par moment. Ce fut elle qui s'occupa de son éducation. Voyant que la lecture et l'écriture ne l'intéressaient pas, elle se chargea de lui apprendre à jouer d'un instrument. L'enfant avait des affinités avec la harpe et le violon, choix que la gouvernante avait laissé à Alister. Liam lui donna quelques notions d'histoire à travers des contes et des légendes et de géographie, lui montrant comment lire une carte. La lecture, l'écriture et le comptage virent bien après!
Après plusieurs mois d'apprentissage, Alister put enfin suivre Liam au service du vieux noble. Le serviteur lui montra comment le servir au mieux. D'ailleurs, leur maitre n'était pas un mauvais bougre et laissait leur place aux erreurs du garçon. Comme il disait toujours "c'est en se trompant qu'on apprend". Et au fur et à mesure, Liam le laissa gérer certaines choses.
La garçon apportait le petit déjeuner à son maitre puisque c'était un "lève-tot", il lui préparait aussi son bain, s'amusant toujours avec la mousse. Il aimait jouer de la musique, lui montrer les nouvelles partitions que lui avait appris la gouvernante, Marlow pour citer son nom. Il le prévenait également des visiteurs et lui contait des histoires en fonction des envies de son maitre.
Après deux ans d'acharnement, Marlow finit par lui apprendre les rudiments de la lecture, de l'écriture et du comptage. Le vieux noble n'avait plus une très bonne vue, il lui fallait donc une aide pour l'aider à déchiffrer les lettres et les documents qu'il recevait. Liam, lui, s'occupait de l'écriture puisqu'Alister avait encore une écriture trop brouillonne que pour être facilement lisible. Sinon, il savait très bien se débrouiller en lecture et au comptage, mais n'allez quand même pas lui demander de lire un ouvrage compliqué ou de faire des sommes et des différences de nombres élevés. Il n'était encore quand début et c'était un enfant après tout. Ce qu'on aimait le plus chez lui ce n'était pas sa façon de lire ou de compter. Non, son maitre aimait particulièrement sa manière de raconter les histoires, de jouer d'un instrument et son sourire espiègle d'enfant.
On découvrit aussi sa nature d'hybride. Cependant, le noble était loin de faire partie de la cause des anti-mages. Au contraire, il essaya de trouver une utilité à sa métamorphose. Ce fut ainsi que l'aristocrate reprit l'une de ses activités favorite: la chasse. Depuis qu'il avait perdu ses chiens, il n'avait plus été chassé. Mais avec un canidé aussi intelligent qu'Alister, il pouvait reprendre son loisir. Certes, il restait assis sur son cheval pendant que Liam abattait les bêtes et que son protégé flairait les animaux.
Alister était finalement bien tombé chez ce vieux monsieur! La chance lui avait souri. Il était logé, nourri et respecté en échange de services envers son maitre. Pour sûr, il ne quitterait jamais cet endroit, pour rien au monde.
Quatre ans passèrent, de quoi donner au jeune Alister le temps de se perfectionner en musique et en contes en tout genre. Ce matin-là ressemblait à tous les matins qu'il avait connu au service de son maitre. Le gamin s'était levé tôt comme à son habitude pour aller attendre le petit déjeuner dans les cuisines. Il mangea rapidement avant d'aller porter le sien à son maitre, directement dans sa chambre. Il ouvrit la porte en faisant attention de ne rien renverser avant d'entrer dans la pièce. Alister déposa le plateau sur la table de chevet, puis alla ouvrir les rideaux. Un temps magnifique!
Il fait beau aujourd'hui! Marlow va sûrement organiser une sortie!L'enfant se retourna vers le lit, n'obtenant pas de réponse. Il s'approcha doucement pour observer son maitre encore endormi, un sourire paisible aux lèvres. Il tendit la main pour le secouer doucement et lui parla d'une voix tendre:
Maitre! Il faut se réveiller! Le soleil est déjà levé depuis un moment!Le gosse attendit un geste de sa part, mais rien… Il se pinça les lèvres et le secoua un peu plus fort, espérant cette fois son réveil. Toujours aucune réaction… Le corps restait inerte, pâle, serein. Au même moment, la porte s'ouvrit pour laisser apparaitre Marlow avec un verre de jus d'orange en main. Mécontente, elle s'adressa au petit sur un ton faussement courroucé:
Alister! Tu as oublié…Elle posa son regard sur lui, le voyant au bord des larmes. Elle lui finit un sourire pour le rassurer, ne s'attendant pas à cette réaction pour une simple réprimande sur un oubli. Mais voyant que cela ne le rendait pas plus souriant, la gouvernante se douta qu'il y avait quelque chose d'autre. Ce fut Alister qui lui donna la réponse de sa petite voix attristée:
Le Maitre ne veut pas se réveiller…Marlow devint blême et ce fut vite qu'elle fit sortir le garçon de la chambre, hurlant le nom de Liam dans le couloir…
* *
*
Parti… oui, son maitre était bel et bien parti…
Durant son sommeil, la plus belle des morts à ce qu'on dit. Pourtant, Alister avait du mal à comprendre cette conception, pensant encore que son maitre allait finir par revenir. Il ne saisissait pas la raison de son départ, surtout que son corps était toujours là. Et ce qu'il comprenait encore moins était le fait que le fils du vieux noble revienne habiter le manoir. Surtout revendiquer ses droits de succession sur le bâtiment et tous les biens qui s'y trouvaient, y compris les domestiques.
Quand celui-ci arriva, le gamin sut immédiatement qu'il allait avoir de gros problèmes avec ce type. Le fils était tout le contraire de son père: hautain, prétentieux, méprisant et cruel. Il n'y avait rien de bon en lui, tout le monde en était sûr.
D'ailleurs, les complications ne tardèrent pas à débarquer.
Le jeune noble décida de garder tout ce qui pouvait lui servir et se débarrassa de ce qui pouvait le gêner. Allez comprendre qu'il n'en avait rien à cirer d'Alister. Il avait déjà ses deux gosses pour s'occuper, pas besoin d'un troisième, domestique qui plus est. Il ne voulait certainement pas s'encombrer de lui. Il ne prit pas en compte les remarques de Liam et de Marlow qui cherchaient par tous les moyens de convaincre leur nouveau maitre de laisser le gamin dans le manoir, à leur charge. Du coup, l'aristocrate emmena l'enfant dans les recoins sombres de la cité où résidaient voleurs et trafiquants, voulant le vendre au plus offrant. Ce fut cependant vite qu'il s'en débarrassa. Le premier marchand d'esclave lui offrit un petite somme pour le gamin, écoutant attentivement les explications du noble au sujet d'Alister. Puisqu'il était hors de question de rester plus longtemps dans les quartiers malfamés de la ville, le marché fut vite conclu.
Tournant les talons, l'homme laissa le gamin seul en compagnie du marchand qui souriait de toutes ses dents – celles qui lui restaient en tout cas – satisfait de son acquisition. Empoignant le gosse par le bras, il l'embarqua avec lui pour l'enchainer à une file d'hommes, tous ferrés les uns aux autres.
Le convoi partit presque aussitôt…
Le gamin ne fut pas mis en vente directement.
Le marchand préférait le garder avec lui pour l'instant, lui faisant faire les basses besognes: apporter de quoi manger, laver ses vêtements, déplacer et enterrer les cadavres des esclaves qui décédaient, faire office de souffre-douleur lorsque son maitre était en colère, servir de bouc-émissaire aux sbires du marchand…
L'enfant pouvait au moins s'estimer heureux, il ne fut pas victime d'attouchements sexuels ou autre dans le même genre. Mais à son âge, ce n'était pas une idée qui effleurait son esprit. Pour lui, vivre avec eux fut un calvaire inimaginable. Deux ans de cauchemars…
Le marchand et ses acolytes finirent par se lasser de lui, c'était clairement visible. La troupe était devenue l'heureux propriétaire d'une nouvelle flopée d'esclaves, acquérant une jeune femme qui devint leur nouveau joujou. En ce qui concernait Alister, il fut – enfin – vendu à un couple de jeunes aristocrates qui cherchaient de nouveaux esclaves, les anciens étant mystérieusement tombé malades, atteints d'une grave maladie. Le duo jeta son dévolu sur deux femmes, l'une plus jeune que l'autre et sur Alister. Choisissant leurs domestiques en bas âge, ils pourraient facilement les mater et en faire de vrais petits chiens, comme ils avaient l'habitude de dire.
Difficile de dire qui était le pire…
Les marchands d'esclaves ou ce couple de fous dingues? Ces deux nobles étaient complétement cinglés! Ils étaient déjà très à cheval sur l'horaire de leur journée et avaient des manies complétement farfelues: à 8h30, petit déjeuner avec cinq viennoiseries, un verre de jus d'orange, une pomme, une rose pour Madame et un petit verre de rhum pour Monsieur. L'une des filles devait apporter le déjeuner à l'homme et Alister faisait pareil mais pour la femme. S'ils venaient à manquer l'un ou l'autre détail pour le déjeuner, privation de repas durant la journée. Dès qu'ils avaient des invités, les domestiques devaient sourire en permanence, se montrer aimable et se plier en quatre pour eux. Dans le cas où les serviteurs n'exécutaient pas les ordres, les invités avaient le droit de les battre. Donc autant faire tout ce qu'ils demandaient, même si c'était complétement ridicule et absurde. D'ailleurs, les convives ne se privaient pas, jouissant de leur autorité. A 16h00, c'était l'heure du thé. A ne pas manquer! Pomme – cannelle pour Madame et citron – cerise pour Monsieur. Et pour le service, c'était également le même que pour le petit déjeuner. Si on ratait cette partie, pas d'eau pour le lendemain. Heureusement qu'il n'y avait pas d'heure de coucher!
Alister était donc au service de la femme et n'enviait absolument pas la place des deux jeunes femmes qui étaient exploitées dans tous les sens du terme. Lui avait encore de la chance, il échappait aux vices de leurs maitres. Il n'empêche que Madame n'était pas du genre bienveillant. C'était "Alister fait ci… Alister fait ça!" ou encore "Tu n'es qu'un empoté, un bon à rien, un chien". Chaque fois qu'il faisait quelque chose qui ne plaisait pas à la "duchesse", c'est sûr qu'il s'en ramassait plein les dents. Les objets volaient la plupart du temps. La pire fois, ce fut quand son mari s'en mêla. La fois où il avait trébuché dans le tapis et fait tombé le plateau repas sur le lit de sa maitresse… Le gamin avait eu du mal à s'en remettre. D'ailleurs, son corps en porte encore les cicatrices aujourd'hui. En parlant de marques, il en était une qu'il garderait sûrement à vie aussi. Une lubie de ses maitres était de marquer au fer rouge chacun de leur esclave. A onze ans, il portait la marque représentant la famille de ses maitres. La douleur le tirailla pendant des mois avant de s'estomper progressivement. Cette trace est probablement la plus grande honte de notre hybride, quel déshonneur d'avoir appartenu à cette famille de fous… Et surtout, d'être rattaché à elle jusqu'à sa mort.
Dès qu'il eut quinze ans, sa maitresse ne se retint plus d'assouvir toutes les idées qui lui passaient par la tête. Elle ne se privait pas d'une partie de jambe en l'air lorsque son mari était occupé. Après tout, celui-ci faisait de même avec les deux servantes, alors pourquoi ne pas le faire avec un autre. Encore un fois, même dans ces cas-là, si Madame n'était pas satisfaite, ça retombait automatiquement sur le pauvre Alister. De toute façon, que ce soit pour n'importe quoi, elle avait toujours son mot à dire. A croire qu'elle prenait énormément de plaisir à le voir souffrir, jouissant du pouvoir qu'elle exerçait sur lui.
Dix-neuf ans et déjà huit ans de calvaire derrière lui.
Alister ignorait combien de temps son corps allait pouvoir encore tenir. Son côté survivaliste venant de sa partie animale l'empêchait de trop penser au suicide. Il ne voulait pas terminer comme les précédents domestiques, il voulait rester en vie. Mais à quel prix? Oui il rêvait de s'en aller de cette maison de cauchemar, de fuir au loin pour ne plus jamais les revoir. Cette situation l'étouffait, l'oppressait! Il devait trouver un moyen pour déguerpir, son instinct le lui ordonnait. S'il restait, il ne ferait plus long feu… Mais comment s'échapper quand on ne faisait pas le poids face au maitre de maison et à ses gardes?
Les jardins… seul endroit où l'hybride se sentait un peu plus libre. Sa maitresse était assise sur un banc en compagnie d'une autre femme de même rang, lui derrière en tenant une ombre, faisant très attention qu'aucun rayon du soleil n'atteigne une parcelle de sa peau. Heureusement qu'elle portait une longue robe… Son attention se porta sur la plus jeune des servantes qui apportait le thé de Madame puisqu'Alister était trop occupé à lui faire de l'ombre pour aller préparer la boisson chaude.
La fille en question n'était pas très à l'aise avec sa maitresse. Elle avait l'habitude de servir l'homme et non la femme, ayant du mal à imaginer ses réactions bien qu'elle en ait déjà eu vent. D'ailleurs, les deux nobles pouffaient de rire en la voyant un peu maladroite. Ça sentait le coup fourré!
Déjà que Madame n'était pas très content parce que son thé était trop chaud pour être bu et qu'il n'y avait pas assez de sucre à son goût. Encore des simagrées… Les insultes fusèrent: bonne à rien, empoté, idiote, imbécile… La routine en gros! A croire qu'elle n'avait pas d'autre vocabulaire.
La suite fut difficile à comprendre. Tout se passa tellement vite…
Alister avait tourné la tête trente seconde sur le côté pour voir un merle s'enfuir en piaillant avant de brusquement revenir sur sa maitresse en attendant un cri. Il vit le plateau renverser, la théière par terre et sa maitresse se tenant le bras, une grimace de douleur lui cinglant le visage. Une volée d'insultes sortit de sa bouche. La femme se tourna vers l'hybride, visiblement folle de rage, et lui ordonna rapidement:
Alister! File une correction à cette garce!Le jeune homme hésita, n'ayant jamais battu quelqu'un à la place de son maitre. Mais celui-ci était absent, occupé à chasser le gros gibier. La menace qui suivit le résolut à exécuter les autres:
Si tu ne le fais pas, je t'enferme une semaine sans eau ni nourriture!L'hybride s'approcha doucement en se pinçant les lèvres. Il la regarda d'un air navré, appréciant sa compagne d'infortune. C'était une solution difficile à prendre, mais il ne voulait pas désobéir non plus au risque de se faire punir aussi. Ca, la jeune femme le comprenait parfaitement, acquiesçant par détermination. Un ordre fusa: " Stop".
Le garçon se tourna vers sa dame, surpris. La femme à ses côtés lui murmurait quelque chose à l'oreille, ce qui la fit grandement sourire. Elle finit ensuite par lâcher:
J'ai une meilleure idée! Prends-la comme un vulgaire animal! Fais-lui bien mal! Laisse des marques dans son corps!Et pour couronner cette merveilleuse machination, elle lui tendit un couteau qu'elle gardait toujours dans l'une de ses bottes ou à sa jarretière. Il s'approcha et prit l'arme avant de revenir péniblement vers la domestique. Alister la regarda, la gorge nouée par tant d'émotion. Une hésitation… le faire ou ne pas le faire? Madame voyait très bien son désarroi et elle renchérit sur sa menace:
Si tu ne le fais pas, je te fais pendre à un arbre!Son regard allait du couteau à la fille, de la fille à sa maitresse, puis revenait au couteau. L'hybride se mordit la lèvre jusqu'au sang. Trop de pression… c'était beaucoup trop lui demander. Non, il ne voulait pas le faire, c'était trop injuste! Certes, elle avait été maladroite mais le châtiment était trop sévère pour lui. C'était la goutte d'eau qui faisait débordé le vase! Non, il ne pouvait pas faire ça, jamais de la vie.
Non!Alister fut surpris de s'entendre crier. Sa maitresse reste bouche bée devant son insolence, ne s'y attendant visiblement pas. Lui aussi resta un instant immobile, un sentiment de liberté et de bravoure venant naitre au creux de son être. Il reprit un peu de lucidité, plus vite que l'aristocrate, et balança le couteau aussi loin qu'il pouvait. Il se tourna vers la femme, un sourire satisfait aux lèvres:
J'ai dit non! Je ne le ferai pas!Encore plus courroucé, sa maitresse appela immédiatement un garde avant de s'avancer vers la fille, décidé à le faire elle-même. Mais Alister s'interposa, n'ayant aucune envie qu'on la touche pour lui faire du mal. Maintenant qu'il avait fait un pas vers la désobéissance, autant aller de l'avant. Il n'empêche qu'il fut surpris lors que sa maitresse sorti un deuxième couteau dont on ne sait où. Son instinct de survie prit alors le dessus. Le jeune homme prit sa forme animale et profitant de la surprise de la femme, bondit vers elle. Ses mâchoires se refermèrent sur son avant-bras, les crocs bien plantés dans la chair. L'arme tomba au sol et un cri de terreur se fit entendre. La dame de compagnie prit ses jambes à son cou, allant prévenir le garde qui tardait à débarquer. La noble avait perdu l'équilibre et se retrouva par terre à mordre la poussière. La domestique avait elle aussi pris la poudre d'escampettes. Alister lâcha la femme qui se tortilla au sol et observa sa compagne d'infortune un moment. Ce serait sûrement la dernière fois qu'il la verrait.
Sachant très bien qu'il ne fallait pas rester dans les parages sous peine d'être réellement pendu à un arbre, l'hybride s'enfuit, profitant que le jardin ne soit pas entouré de mur. Un regard en arrière, et il vit le garde arriver près de sa "maitresse". Une seconde de plus et il se faisait prendre!
Un frisson agréable le parcourut lorsqu'il atteignit les bois à proximité du manoir. C'était donc ça la sensation qu'on ressentait lorsqu'on était libre?
Monture ou familier : Aucune.
Signe spécial : Alister porte le sceau de son deuxième maitre sur l'omoplate gauche, signe d'appartenance à celui-ci. Il a été marqué au fer rouge pour que la marque ne s'enlève jamais à moins de s'entailler la chair jusqu'à l'os. Mais l'hybride n'est pas assez masochiste pour en arriver à de telles pratiques. Il s'agit du seul trait distinctif chez lui. Sinon, il ne porte pas d'autres marques spéciales hormis ses cicatrices.
Pouvoirs : Etant un hybride, il a la capacité de se transformer en animal. Pour son cas, il s'agit ici d'un chacal. Sa forme animale est un peu plus imposante qu'un animal normal, mais rien de bien énorme. Cette capacité lui confère des avantages comme des inconvénients.
Avantages:- Rapidité, agilité et discrétion accrue sous forme humaine
- Ses cinq sens plus développés sous forme humaine.
- Son intelligence reste intacte sous forme animale.
Désavantages:- Incapacité à parler le langage commun (celui des hommes) sous sa forme animale.
- Incapacité à saisir des objets avec ses pattes, tout passe par la gueule.
- Risque par rapport aux chasseurs.
- Se laisse parfois emporter par son instinct animal.
Groupe : être magique.
Blason : Aucun.
Code : validéValidation de la fiche: fiche validée
Où avez-vous connu le forum ? Dc de Claws
Autre chose à dire ? * contente de pouvoir revenir sur Ekiard *