Le Royaume d'Ekiard

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 Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3]

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Edelweiss
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MessageSujet: Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3]   Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3] EmptyJeu 7 Sep - 19:30

-Tout est prêt ?

-Oui, Edel, on attend plus que le maitre, répondit un domestique à l’oiseau.

Ce dernier hocha la tête, un sentiment étrange étreignant son cœur en cette aube incertaine. Il ferait beau aujourd’hui, bien que la nuit était encore fraiche, l’air apportait avec lui une promesse que ceux qui savent écouter peuvent décoder.
Malgré l’inquiétude qui le berçait, Edel ne pouvait empêcher son cœur de battre la chamade. Il partait en mission.
Juste cela ?
Non.
Il partait en mission AVEC son maitre.
L’hybride ignorait de quoi il retournait (comme si un simple domestique pouvait être tenu au courant de détails d’une mission top secrète avant l’heure du départ) mais il s’en fichait. Il partait avec l’Evelyne.
Le duo ne serait malheureusement pas seul, Edel ne pourrait alors pas servir d’exécutoire à n’importe quel moment et l’ange ne savait pas s’il devait s’en réjouir. Une partie au fond de lui était soulagée de ne pas avoir à subir le fouet, mais était-il seulement intelligent de songer que des témoins empêcheraient le seigneur d’agir sur lui ? Peu probable.
Et puis, qui disait défouloir disait... le pioupiou secoua brusquement la tête, empêchant le rouge de lui monter aux joues de si bonnes heures.

Pire encore, si le maitre ne pouvait se défouler quand cela lui siérait, alors ceux qui subiraient sa frustration y gagneraient de terribles châtiments. L’oiseau frissonna, invoquant les dieux d’être cléments pour ces derniers…se proposant à leur place si le prix du sang était exigé.
Boutonnant le dernier bouton de sa tenue, l’hybride ajusta ses manches et rentra à pas de velours dans la chambre – encore sombre – du seigneur. Ses vêtements étaient préparés, l’homme n’avait plus qu’à ouvrir les yeux, manger, se préparer et donner le signal du départ :

-Mon seigneur ? appela-t-il d’une voix tendre, le monde n’attend plus que vous.

Nul pression dans sa voix, ni incitation à se dépêcher.
Les faits étaient là.
Les domestiques attendaient le bon plaisir des nobles et M.Evelyne était un noble. Tous tournaient autour de lui.
Un plateau fumant de divers mets se dressaient non loin du lit, n’attendant que des ordres pour être servis tandis que le soleil se levait paresseusement.

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Sayanel
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3]   Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3] EmptyLun 11 Sep - 3:28

Hj- C'est un peu long mais comme ça tu pourras jouer aussi ;3

Ils criaient. Leur voix s’enrayaient et bientôt leur gorge sèche ne pourrait plus émettre de son. Non pas parce qu’ils n’auraient plus mal, mais parce qu’il était humainement impossible d’hurler jusqu’à la mort. Il n’y a pas pire trahison que celle du corps. Ils tentent par tous les moyens de se défaire de leurs liens. Leurs poignets et leurs chevilles en saignent. Alors qu’ils tordent tous leurs muscles dans cet unique but : l’illusion de la liberté, et celle de pouvoir faire quelque chose. Parce que, quand bien même, ils se libèreraient, que pourraient-ils faire ? Il était trop tard, plus rien ne pouvait défaire la machine en marche. Ils ne pourraient jamais inverser la tendance et ils n’étaient désormais plus rien d’autres que ce que LUI voudrait. Le moment où ils avaient croisé sa route il avait été trop tard…
Sayanel se réveilla doucement.
Il ouvrit un œil avant de le refermer. Il était dans sa chambre. Ils n’étaient pas encore partis puisqu’ils partaient aujourd’hui. Le seigneur bailla avant de s’assoir sur le lit. Il avait fait un beau rêve mais en voyant Edel il remarqua une chose : il n’avait pas vu leur visage. Évidemment, c’était un rêve, ses victimes étaient anonymes, cependant il nota dans sa tête de ne surtout pas oublier de marquer leur visage dans sa mémoire. Histoire qu’il puisse s’en servir plus tard. Sentant son érection frémir, Sayanel observa Edelweiss afin de peser le pour et le contre… Non, le monde l’attendait comme le lui avait fit remarquer le domestique. Il lui fit signe de ramener le plateau sur le lit et ceci fait il se commença son déjeuner.
« Bien, récite moi les évènements de la journée. »
Il écouta Edelweiss d’une demi-oreille. Il s’agissait plus de le faire répéter qu’autre chose, surtout afin de s’assurer que le domestique savait de quoi retournait cette journée. Après tout c’était leur première sortie ensemble depuis…. Un moment. Le noble se leva dut lit sans prévenir et parti se préparer après avoir ordonné à l’ange de vérifier que tu fut prêt pour leur départ. Simple formalité, évidement Edelweiss l’avait déjà fait quatre à cinq fois avant d’être venu le réveiller. Cependant, pour le bain il voulait être seul. Il souhaiter pouvoir imaginer la scène à nouveau avant d’enfiler le costume de « seigneur Evelyne » une fois dehors.
Une famille, cinq personnes. Le père, la mère, deux filles et un fils. Il n’était sûr de l’âge des enfants, une adolescente, une pré-ado et un tout petit de mémoire. C’était le plus jeune qui avait éveillé la curiosité, il semblerait que ses yeux puissent changer de couleur selon ses humeurs… Entre autre. C’était sans doute une particularité de son pouvoir, en grandissant il pourrait faire d’autre chose et le dissimuler comme le faisait le reste de sa famille. Sayanel passa l’eau chaude sur tous ses muscles. Honnêtement, que le petit fut le seul mage de la famille, le seigneur s’en fichait. Il avait reçu l’ordre de tous les exterminés et il n’allait pas se gêner. Sayanel termina de de se savonner, rincer puis se débarbouilla le visage. Le père était paysan, il élevait également des poules. Sa femme et ses filles, transformait les restes de blé en pain, et les œufs invendus en d’autres petites sucreries à vendre sur le marché. Une vie bien modeste en somme. Sayanel prit le temps de sécher avant de mettre son dessous d’armure. Apparemment ils n’avaient jamais eu de problème, ni avec les autorités, ni avec le voisinage, mais ils avaient toujours vécu entre eux. Souvent ils allaient voir de la famille dans un autre village. Enfin c’était ce qu’ils disaient… Sayanel finit de mettre de ses chaussures et s’attaqua à ses cheveux. En tout cas, pour lui, cette « famille dans un autre village », était peut-être un prétexte pour rencontrer d’autres mages. C’était à creuser, c’était d’ailleurs, la parfaite excuse pour jouer un petit peu. Ah, il devait s’assurer qu’Edel était bien allé cherché l’huile au marché. Il avait oublié de le lui rappeler. Sans ça, ce serait beaucoup moins marrant et il serait obligé d’improviser une partie. Rien que d’y penser il était agacé. Cela faisait longtemps que lui et ses hommes n’avaient pas eu un si bon terrain de chasse alors il n’allait pas gâché la partie avant même qu’elle ne fut commencée ! Non, il avait confiance, Edel n’avait pas oublié. Sinon là il allait s’énerver.
Sayanel avait finit de se préparer.
Il n’avait rien fait d’extraordinaire. En vérité sa tenue pouvait presque paraître négligée, une tresse, une armure de cuir. Elle était efficace. Ils en avaient pour toute la journée à cheval pour y aller et bien sûr, extorquer l’information allait lui prendre quelques jours peut-être.
Sorti de sa chambre, Sayanel fit un signe de tête à Edel pour lui dire qu’ils se mettaient en marche. Ainsi ils avancèrent en silence jusqu’au point de rendez-vous. Ce en fut que lorsque Sayanel eu Lionwhite dans son champs de vision qu’il se rappela quelque chose et se retourna vers Edel, un instant surpris :
« Edel, tu n’as pas oublié ce que je t’ai dit de prendre n’est-ce pas ? »
L’huile ? Sayanel n’eut pas le temps de lire l’expression de son domestique que son homme de main vint l’interrompre. Lionwhite. Ancien mercenaire, Lionwhite avait d’abord payé une dette d’honneur auprès de son père avant de finir à son service, par… inclination. Les deux hommes s’étaient trouvés presque comme un conte de fée et leurs chemins continueraient sur la même route tant qu’ils partageaient les mêmes intérêts. Ni plus, ni moins.
« Mon seigneur. »
Il fit une révérence devant Sayanel et hocha la tête à Edel. Bon ils n’auraient pas le temps d’en parler plus. Sayanel retenu son agacement. Tant pis, ils verraient plus tard. Ils étaient combien déjà ? 6 en comptant Edel ?
« Edelweiss, je vous veux à trois aux marché pour récupérer la femme et les enfants. Pas un seul ne vous échappe c’est clair ? Et tu restes discret. Lionwhite nous nous rendons sur place pour arrêter le reste. Je veux tout le monde à la forêt ce soir c’est clair ? »
Sayanel regarda les deux hommes tour à tour. Il n’y avait pas de raison que les choses tournent mal, aujourd’hui était un jour comme les autres pour le citoyen lambda et d’après les informations la famille suivaient son habitude. Le seigneur se dirigea, suivit d’Edel et Lionwhite, aux écuries pour prendre son cheval.
Que la partie commence.
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3]   Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3] EmptySam 16 Sep - 13:05

Edelweiss s’était exécuté sans la moindre hésitation. Il ne connaissait pas les détails, tenant et aboutissant de la mission, mais les grandes lignes lui étaient acquises. .. ne serait-ce que parce  qu’il avait reçu ses ordres du seigneur Evelyne lui-même.
La suite se déroula dans cette espèce de précipitation paresseuse qui précédait un départ en voyage. Le maitre se préparait tandis que l’oiseau vérifiait mentalement et physiquement pour la énième fois que tout était prêt, que rien n’avait été oublié et qu’il ne serait nul besoin de faire demi-tour pour combler les envies du noble. En effet, outre la nécessité et l’embarras que pouvait provoquer l’absence d’éléments indispensables à la mission, l’hybride n’avait aucune envie de décevoir son seigneur. Encore moins de subir sa colère qui – il le savait – pouvait être terrible dans ce genre de situation.
Son propre sac de voyage était prêt depuis fort longtemps, vérifié au moins dix fois depuis ces deux derniers jours, mais pourtant il recommença pendant que l’eau soyeuse accueillait le corps d’apollon de l’Evelyne.

Enfin le duo descendit et se mêla au reste des serviteurs qui – houspillés autant qu’Edel en était capable – tâchaient de répondre aux exigences énoncés quelques heures plus tôt. L’oiseau les balaya du regard. Tout semblait en ordre :

-« Edel, tu n’as pas oublié ce que je t’ai dit de prendre n’est-ce pas ? »

Le poupiou aurait pu prendre une mine interloquée si la hiérarchie n’était pas si ancrée dans son esprit. Une telle question prouvait d’ailleurs à Edelweiss l’importance que revêtait l’objet à ses yeux, mais il n’eut pas le temps de le rassurer sur ce sujet. Damne ! Ce Lionwithe n’avait-il donc aucun respect pour la parole de son seigneur ?
Le regard des deux hommes se toisèrent un instant. Si le regard du lion blanc se fit dédaigneux, l’hybride savait fort bien ne pas être en position de lui rendre la même, aussi tenta-t-il de rester le plus neutre possible. Tentative facilité par le salut poli et marqué qu’il lui rendit :

-« Edelweiss, je vous veux à trois aux marché pour récupérer la femme et les enfants. Pas un seul ne vous échappe c’est clair ? Et tu restes discret. Lionwhite nous nous rendons sur place pour arrêter le reste. Je veux tout le monde à la forêt ce soir c’est clair ? »

De nouveau l’oiseau s’inclina, plus profondément, plus généreusement, marquant avec ce qu’il fallait de subtilité la différence de statut entre l’homme de main et le noble aux milles joyaux.

Le début du voyage se déroula de manière commune, la direction était la même après tout, puis dans un silence entendu, le groupe se scinda en deux ; Edel en tête.
Les sabots des chevaux dansaient sur le sol dur qui menait au village. Leur bouche tirait sur leur filet, cherchant à prendre le mors aux dents pendant qu’ils filaient tel le vent sou les arbres. Le trajet ne serait guère long, pourtant l’hybride refusa se loisir de vitesse. Plus un cheval s’envolait vers l’horizon, plus le contrôle était difficile à récupérer, et il ne fallait pas perdre de vu le facteur discrétion qui serait vite éventé par l’arrivé de trois furies lancé à toute allure. Le trio commença donc à ralentir avant de voir le village, trottinant comme de vulgaire voyageur dont la cape sombre et de facture moyenne dissimulait sans mal un équipement bien plus inquiétant pour un habitant lambda.
Ils mirent pied à terre, flânant parmi les étals comme des voyageurs curieux savourant une courte pause durant leur périple.
Une femme, deux filles, un garçon.
Des vendeurs de pains, d’œufs et de sucrerie. Une vente diversifiée suffisamment originale pour qu’Edel et ses acolytes n’aient pas besoin d’interroger les autres marchands pour trouver leur cible. Ils marchèrent donc, observèrent, feintèrent un quelconques intérêt pour les marchandises présentées ça et là, puis enfin, l’albinos pointa du menton un étal en fin de rue.
Elle était là-bas.
Brune, plutôt passable, mais avec un éclat dans les yeux qui la rendait intéressante, l’oiseau sut que c’était elle alors qu’elle offrait un paquet de bonbons contre quelques pièces de cuivre à un enfant qui rejoignit sa mère tout sourire. Le cœur d’Edel se serra, cette femme n’avait pas vraiment l’air dangereuse, méritait-elle le sort qui l’attendait ?
Elle se retourna, interpellant sa plus jeune fille se chamaillant avec le fils pendant que l’ainé – modèle réduit de la mère- prenait instinctivement la suite de la vente.
Ne se pressant pas plus, les hommes parvinrent finalement à leur hauteur où ils marquèrent un arrêt pour admirer les plats à l’odeur alléchante :

-Combien pour le pain ? Demanda finalement l’oiseau.

-5 pièces de bronze monsieur, répondit la femme en lui souriant.

L’hybride lui tendit la monnaie, en arracha un bout et le mâchouilla avec prudence. Le gout avait beau être appréciable, il était peu recommandé de manger en cette situation.

-Ho ! Il y a des bonbons aussi ! S’exclama l’un des hommes qui l’accompagnait, j’ai un fils moi aussi, dit-il en désignant le bambin derrière elle, il sera ravis si je lui en ramène un peu !

-3 pièces de cuivre un paquet, 5 si vous en prenez deux.

-C’est une affaire ! Je prends ! T’en veux un gamin ?

Le petit le regarda plein d’espoir. Quel enfant refuserait un bonbon ?
Edel l’observa, le plan se déroulait comme prévu et seul ceux qui savaient auraient pu voir le soldat rajouter une étrange poudre dans le paquet qu’il ouvrait, avant de le tendre au petit :

-Tournée générale ! Z’en voulez m’mdame ?

Cette dernière essaya de refuser, mais il était difficile de se dérober devant l’insistance joyeuse du soldat et après avoir vu ses deux compagnons se servirent à leur tour, elle abdiqua :

-Venez mesdemoiselles ! C’est le monsieur qui offre, ajouta Edel en désignant son coéquipier.

Ces dernières ne se firent pas prier et elles s’emparèrent du présent avec une avidité qui témoignait de leur gout pour le sucré.
Le troisième soldat engagea alors une conversation anodine sur la vie au village, la pluie et le soleil…juste le temps de les voir commencer à piquer du nez. La femme – bien que ne comprenant pas la situation – sentit cette défaillance :

-Excusez-moi messieurs, je vais devoir y aller.

Ils hochèrent la tête, compréhensif et s’éloignèrent doucement.
La paysanne ramassa ses produits, ses enfants, et prit la direction de sa maisonnée. Il ne fut guère difficile pour le trio de rattraper la famille et tandis qu’Edel la soutenait par l’épaule, il lui murmura au creux de l’oreille sans qu’elle n’ait la force de se dégager, ni d’appeler à l’aide :

-Nous allons vous aider.

Les soldats s’occupèrent des enfants et prirent la direction voulue. Les captifs recouvreraient leur force peu après leur arrivée et si les besoin s’en faisait sentir, l’oiseau avait à porté de main des colliers anti magie qui les calmeraient à nouveau. La poudre était efficace, mais la quantité faiblarde, mélangée à un puissant sédatif en limitait l’efficacité.

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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3]   Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3] EmptyMar 26 Sep - 23:13

[Hj-wow ça a mis un peu de temps mais on y arrive! XD]

Il était seul.
Le seigneur observait l’homme quitter ses poules. Il passa sa main sur front, comme pour défaire ses sourcils froncés. Il alla défaire une mèche dans ses cheveux en frottant la paume de ses mains puis regarda le soleil. Sayanel déplaça ses yeux sur son partenaire : Lionwhite aussi finirait par avoir la ride du lion à force de prendre son air sérieux. L’homme de main se figea en voyant que son seigneur l’observait. Il finit par le regarder dans les yeux, comme pour subtilement le réprimander en lui montrant qu’il n’était pas concentré.
Sayanel lui, sourit, évidemment il n’était plus concentré. L’homme était seul, le piège était déjà quasiment refermé sur lui… et en plus le reflet dans les cheveux blancs de son homme de main aveuglé en partie sa vision. Il souffla intérieurement : il avait espéré une véritable chasse, et même si Lionwhite affirmait qu’une capture simple et rapide était parfaite pour se remettre dans le bain, le seigneur d’Hargard était extrêmement déçu. Si seulement il pouvait, par exemple, sentir l’atmosphère s’alourdir à mesure qu’il approchait… Sentir la pression des regards de prédateurs posés sur lui et peut-être même, éviter la pierre que Lionwhite allait lui envoyer d’ici quelques mètres. Si il entendait un son étrange, comme une branche craquée là où il n’y aurait dû avoir aucun bruit… Un peu comme la brindille qui se trouvait à quelques centimètres du pied de Sayanel. Le seigneur regarda rapidement les alentours : à moins que l’homme ne soit un métamorphe cheval, ils devraient réussir à le rattraper. Le père entendrait le bruit, ses sens s’alerteraient, et il comprendrait que la situation avait changé. Là peut-être qu’il essayerait de s’enfuir ! Il prendrait la direction du poulailler pour les semer, espérant lâcher des bêtes derrière son passage pour les distraire, il ne prendrait pas le chemin tracé, mais plutôt ce petit passage entre ces deux arbres là , ou ceux encore plus à gauche, ou ceux….
Bonk.
…. Le père venait de s’effondrer.
Sayanel resta un moment dubitatif. Il avait entendu le bruit d’un projectile percuter le front de leur victime et puis elle s’était écroulée. Lui n’avait même pas eu le temps de marcher sur la brindille pour lui faire peur que s’était-il passé ? On était encore loin du point de rencontre ! Sayanel se tourna vers Lionwhite pour des explications et ce dernier lui lança un regard entendu. Il regarda une fois puis détourna ses yeux vers le sol et considéra que leur conversation silencieuse était finie. Sayanel souffla, avant de lever les yeux en l’air. Depuis qu’il était officiellement seigneur, Lionwhite ne l’opposé plus par les mots. Lorsqu’il était son tuteur il lui aurait probablement dit ce qu’il en pensait… et quand ils n’étaient que deux il se comportait de la sorte par ailleurs. Mais dès qu’ils formaient un groupe Lionwhite tenait vraiment à conserver les apparences.
Apparemment il n’était pas d’accord pour « laisser une chance au père ». Pas drôle.
« Très beau tir, Sir Lionwhite. »
Sayanel le complimenta avec un beau, faux sourire, pour lui témoigner son mécontentement. Lionwhite se contenta de mettre la main sur sa poitrine et s’inclina dans une belle, fausse humilité. Puis l’homme de main se leva et parti en direction de l’inconscient. Sayanel tiqua avec sa langue. Il finit par le rejoindre, et, jetant à peine un coup d’œil à l’homme à terre, il poursuivit son chemin comme s’il s’agissait d’une poussière sur sa route.
« Et bien mettons ça sur le cheval et rentrons. Edel ne devrait plus tarder. »
Cette fois ci, ce fut Lionwhite qui leva les yeux au ciel. Mais cela, Sayanel ne le vit pas.




Il reprit connaissance. Sa douleur au front s’infusait jusque dans son esprit, si bien qu’il resta confus pendant un certain temps. Il n’y eu que la sensation du bois entre ses bras, et l’inconfortable position de ses mains liées dans son dos qui le maintenaient éveillé. Il n’était pas très sûr de tout ce que cela signifiait cependant il en était sûr : l’odeur était celle d’un ragout de légume. Cela, ce n’était pas normal. Il commençait à recouvrer sa mémoire, il était au champ. Il venait de nourrir les poules et ensuite, il avait à peine eu le temps de sentir la douleur que le néant l’avait absorbé. Son cœur se mit à tambouriner lorsqu’il comprit enfin ce qu’il se passait : on l’avait attaqué.
Pire, ces gens l’avaient ramené chez lui et l’avait attaché au pilier central de la maison. C’était une petite demeure en bois, rien de bien impressionnant, avec deux pièces à peine, dont une pour la chambre parentale. La cuisine et le salon formaient un ensemble, se transformant en chambre pour les enfants le soir. Ceci, avec le champ à côté, ils y avaient tout investi et compté bien remonter la pente grâce à leur vente….
Mais ce ragoût comportait des odeurs qu’il n’avait plus les moyens de s’offrir….
« Alors on se réveille ? »
Alan s‘infligea une claque mentale. Si il ne se réveillait pas, il allait mourir. Lui, et probablement sa femme, ses filles et même son fils. Ses yeux s’ouvrirent avec difficulté et il reconnut son salon, son parquet pas très bien entretenu, la table en bois… Cette odeur de pomme de terre, depuis combien de temps n’avait-il pas mangé de pomme de terre ? La voix qui s’élevait dans la maison précédait des bruits de pas. En face de lui, un homme avec des cheveux blancs coiffés en queue de cheval, était assis sur une des chaises du salon et s’occupait d’une pièce en cuir sur la table. Puis ce fut un long manteau émeraude qui lui barra la vision. Alan fut surpris de voir une chevelure blonde nattée jusqu’au postérieur d’une créature aussi joyeuse qu’androgyne. Même sa femme n’avait pas les cheveux aussi longs. C’était trop de travail pour les entretenir, et du travail, elle en avait suffisamment pour ne pas s’en rajouter. Non, ce personnage avait la peau blanche, sans rougeur ni trace, ni marque, les cheveux parfaits et surtout une dentition sans problème. Il trembla une fois.
C’était un noble.
C’était encore pire que ce qu’il avait prévu. Un noble ? Chez lui ? Pourquoi chez lui ? Oh une idée commençait à germer dans son esprit mais il priait très fort pour que ce ne fusse pas ce qu’il s’imaginait. La créature interpella son acolyte aux cheveux blancs, ils parlaient d’un campement… combien étaient-ils ? Elle respira quelques minutes puis se tournant vers Alan, elle le regarda de haut. Littéralement, elle ne prit pas la peine de se mettre à son niveau. C’était évidemment pour instaurer une relation de domination, mais de cet angle Alan avait un élément de réponse : il s’agissait d’un homme.
« Pardonnez… Alan ? L’inconnu se tourna vers son comparse qui hocha la tête nonchalamment comme si toute cette situation ne le concernait pas. Je me suis permis d’emprunter votre cuisine afin de concocter quelque chose je suis sûr que vous ne m’en voudrez pas ! Il faut bien se sustenter n’est-ce pas ? N’ayez crainte nous aurons tout le temps de faire connaissance. »
Il lui fit un sourire radieux. Si Alan n’était pas attaché dans sa propre maison avec un mal de crâne pour lui rappeler les circonstances, il l’aurait trouvé sympathique, cependant là, il avait juste l’impression qu’il s’agissait d’un psychopathe.
Une bande de psychopathe qui avait bien l’intention de s’en prendre à lui et toute sa famille.
« Qu… »
À peine Alan avait essayé de former une phrase qu’il reçut une gifle. Une claque si forte que sa tête bascula dans la même direction.
« Il faut lever la main pour demander la parole. »
La colère montait en lui, il n’allait pas laisser ce mec penser qu’il pouvait faire ce qu’il voulait chez lui ! Alan ne parla pas, puisque son ravisseur ne souhaitait pas qu’il s’exprime avec des mots, il ne pouvait pas l’empêcher de s’exprimer avec des gestes : il lui cracha dessus. À son malheur, le molard atterrit sur l’épaule du blondinet alors qu’il visait son visage. Le noble le regarda, surpris, puis il regarda son épaule et se reconcentra sur Alan….
… Il souriait.
Alan réprima un tremblement. Il prit un premier coup de pied en plein tête qui le sonna. Ensuite, la semelle en cuir du seigneur élu domicile sur son front et son nez. Le noble appliqua une légère pression, juste de quoi maintenir la tête d’Alan dans l’angle qu’il souhaitait. Il variait la force tantôt pour l’écraser, tantôt pour le laisser respirer. Parfois il voyait ses yeux, et son sourire. Il allait le détester, en vériter il le détestait déjà.
« J’ai hâte de faire votre connaissance. »
Le deuxième coup l’envoya dans le noir.


Sayanel respira profondément. Tout ceci allait être drôle. Très drôle. Lionwhite finit de s’occuper de son armure et sorti de la maison. Il fut convenu qu’Edelweiss préparerait la chambre lorsqu’il serait rentré ce qui ne devait plus tarder. En attendant, Sayanel avait deux trois choses à préparer.
Il fallut un certain temps pour que l’ange se pointe.
Il n’y avait que Lionwhite sur les lieux, le seigneur lui, était parti dans les environs et il arriva la bouche en fleur sans donner une seule explication sur son absence. Il donna ses indications : où positionner chacun des otages, personne ne devait être proche de personne, tous devait pouvoir se voir dans les yeux, comment il voulait qu’Edelweiss prépare la chambre parentale pour son seigneur. Il les regarda se atteler à la tâche. Ceci fait, il termina ses instructions en rentrant à l’intérieur de la maison, s’entretenant uniquement avec Edelweiss. Il ne parlait pas fort mais pas d’une petite voix non plus, un peu comme si il se fichait d’être entendu.
« Oh, et ne sert pas nos convives tant que leur père refusera d’avaler quoique ce soit. Ni repas ni eau je me suis bien fait comprendre ?  Il y a un plat sur la table c’est tout ce qu’il peut manger.»
Sayanel tira une chaise de la table où reposer la marmite dans laquelle il avait cuisiné l’après-midi. Plutôt que de la porter, comme son éducation le lui avait toujours indiqué, il laissa les pieds de cette dernière, frotter contre le sol dans un crissement sonore presque insupportable. Cette petite provocation lui tira à peine un sourire, alors qu’il s’assit nonchalamment, admirant son ange posté au milieu du salon. Il lui envoya un regard amusé. Il ne le regardait plus, il observait, car ces moments étaient de ceux dans lesquelles la beauté de l’hybride s’exprimait pleinement. Il adorait, autant le tester, que le voir réussir et échouer. Il ne manquait jamais une miette.Dans tous les cas, il avait quelque chose à gagner.
« Tu  t’occupes de la femme ce soir. Essaye d’en tirer quelque chose, ne t’empresse pas. Tu as tout ton temps, nous sommes encore là demain. »
Un son guttural s’éleva pathétiquement dans la pièce. L’assemblée commençait-elle à se réveiller ou l’était-elle déjà depuis un moment mais osait enfin quelques protestations ?
Sayanel posa son index sur sa bouche. Autant pour cacher son sourire naissant, que pour se donner contenance. Il ne s’était pas assis au hasard dans la pièce, sa place était parfaite. D’ici…
D’ici, il voyait chacun de leur visage.
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3]   Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3] EmptySam 30 Sep - 20:49

La distance à parcourir était plutôt courte, pourtant elle sembla d’une longueur incroyable à l’hybride. Le poids de la femme se faisait de plus en plus sentir sur son épaule. Elle n’était pas particulièrement grasse, mais elle restait un individu adulte vêtu de vêtements de basses qualités, plus destinés à couvrir sa pudeur, la protéger du froid et des éventuels accidents qui ne manquaient pas d’arriver dans ce genre de vie, que de faire joli et être pratique. Autrement dit, ils étaient lourds.
A cela s’ajoutait l’angoisse d’être aperçu par un habitant égaré. Au-delà de l’interrogation certaine que susciterait la vision d’une femme portée par un valet et d’une marmaille endormie allongée sur un cheval ou tenu par des soldats… dans un tel village, chaque habitant ne manquait pas de connaitre le nom et le lieu de vie de tout à chacun (ainsi que – très souvent – son arbre généalogique).
De telles connaissances provoqueraient indéniablement des problèmes. Des problèmes qu’il faudrait résoudre et dont Edel se passerait sans mal, la situation actuelle lui étant déjà suffisamment difficile.

La chance fut toutefois avec eux et nul ne croisa leur chemin, leur permettant d’arriver sans encombre au lieu de rendez-vous et d’obéir immédiatement aux ordres du maitre. Comme il redoutait les instants qui allaient suivre ! Le futur serait ardu à accepter quand l’Evelyne commencerait son œuvre, mais il arrivait parfois que l’oiseau soit obligé de participer et alors… un frisson lui parcourut l’échine.

Les prisonniers étaient disposés, les lieux aménagés. Les bras ballant, l’hybride attendit la suite des ordres qui – dans tous les cas – ne lui plairaient pas.




Il le savait.
Il s’y attendait.
Il s’en doutait.
Il s’y était même préparé mentalement.
Pourtant les mots lui transpercèrent le cœur.
Etait-il sûr ?
Evidemment qu’il l’était !
Etait-ce vraiment un souhait de sa part ?
Pourquoi l’avoir formulé si ça ne l’était pas ?!
Edel inspira profondément, cherchant du courage, chassant le léger spasme qui secouait sa main.
Il se tourna vers sa victime.
Cette dernière ouvrit de grands yeux terrifiés :

-Non, non s’il vous plait ! Supplia-t-elle comme si elle connaissait déjà le sort qui lui était réservé. Je vous en prie, ne me faites pas de mal.

Sa voix fluette montait dangereusement dans les aigues et le cœur meurtri de l’oiseau pria pour que cela n’agace pas le noble, qu’il ne prenne pas les choses en main… ou peut-être que si… il ne savait plus :

-Madame, s’il vous plait. Je ne souhaite pas vous faire de mal, il est temps à présent de révéler ce que vous savez. Dites-le, et je ne vous toucherai pas.

La victime parut se ressaisirent, son regard se durcit, sa position se raffermit. Lui qui espérait qu’elle parlerait sans violence, venait de renforcer ses convictions :

-Vous ne savez rien !

Elle cracha à ses pieds :

-Vous n’avez que des suppositions, aucune preuve ! Attentez à…

-Nous avons aussi un ordre du roi, l’interrompit-il dans l’espoir de briser cette volonté farouche, et des témoins.

L’interlocutrice s’étrangla. La stupeur ? La peur ? L’angoisse ? La haine ? L’incompréhension ? La compréhension ? Le désespoir. Son regard brun chercha celui de son mari. Un mari qui serra fermement les dents, qui, sans parler, lui indiqua de se taire. Alors, pour toutes réponses, elle cracha encore.
Si Edel l’avait pu, il se serait roulé en boule dans un coin. La tête posée sur les genoux, il se serait balancé d’avant en arrière jusqu’à ce qu’il se pardonne, jusqu’à la fin de temps :

-Alors je vous en supplie, pardonnez ce que je vais devoir faire…

Le pas lourd, la morosité peinte sur un visage qu’il n’arrivait pas à chasser, il sortit de la maisonnette le temps d’aller chercher le matériel adéquat. Il revint à peine une minute plus tard. Un lourd sac de toile au bout du bras qu’il déposa avec une délicatesse teintée d’horreur juste devant elle. L’expression torturée de l’oiseau suffit à elle seule à lui faire comprendre le sort qui lui serait réservé. Elle geignit, pria, implora encore, mais Edel se contentait de demander des réponses à ses questions. La voix des enfants s’éleva derrière lui.

Ferme les yeux.
Ferme la bouche.
Ferme ton cœur.

Il n’écoutait plus, il ne se concentrait sur sa tâche, sur ses gestes.
Prendre cette barre de fer aux formes barbares.
La poser sur le feu.
Se retourner.
Se saisir du couteau.
Se rapprocher de la femme.
Une voix grave monta enfin. Le mari ?
Ne pas l’écouter.
Prendre dans sa main le tissu de sa robe.
Le découper.
Se concentrer sur la sensation du textile déchiré.
Lui imposer l’immobilité pour faire descendre le vêtement.
Révéler sa poitrine à la vue de tous.
Ne pas écouter.
Se retourner encore.
Se protéger les mains.
Poser la question.
Se concentrer sur le refus.
Ne pas écouter le reste. Le ton, les suppliques, l’envie de vivre.
S’emparer de la forme grise aux embouts incurvés. Vérifier que la pince était bel et bien chauffée à blanc.
Ne pas écouter.
S’approcher d’elle.
Retenir ses larmes.
Attendre le bon moment.
Attendre qu’elle se fatigue, cesse de bouger, s’interroge sur ce qu’il faisait, qu’elle prenne conscience de ce qui allait se passer si elle ne cédait pas.
Elle ne céda pas.
Retenir cette foutue larme qui commençait à perler.
Profiter de la stupeur de la femme.
Plaquer l’instrument sur son corps.
Ne pas écouter ; les cris, féminins, masculins, enfantins.
Ne pas sentir l’odeur de la chair roussie.
Refermer la pince sur le sein.
Serrer.
Ne pas ressentir cette sensation qui se propageait dans son bras.
Continuer.
Ne pas écouter.
Ne pas sentir.
Retirer l’objet, la chair avec.
Laisser la demi-poitrine tomber au sol.
Il fit « floc ».
Ne pas prêter attention à sa vue floue.
Ne pas laisser son cœur se briser plus qu’il ne l’était déjà.
Ne pas écouter.
Poser la question.
Entendre la supplique.
Changer d’instrument...


Quand Edel se retourna, nul n’avait plus la force d’hurler. Ses mains moites de sueur et sang qui n'était le sien, il fit face à son seigneur. La nuit était à peine tombée. Surement le noble estimerait-il qu’il était allé trop vite. Tant pis, il était lui-même à bout de force :

-Dans cinq jours monseigneur. Une réunion de rebelle du village. Une petite envergure pour aviser l’avenir. Elle se tiendra au clair de lune, dans une clairière à quinze kilomètres d’ici. Du moins c’est ce qu’elle affirme.

Bien sûr, le maitre avait entendu. Il avait assisté à tout.  Tout entendu.
Tout.
Mais Edel n’était que l’ombre de lui-même. Robot parmi les robots. Damné pour l’éternité, si ce n‘était par les dieux, au moins par lui-même…
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MessageSujet: Re: Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3]   Tant va la cruche à l'eau ...[PV Sayanel <3] EmptyLun 9 Oct - 23:06

Le plancher était rouge. Une partie du moins, celle qui couvrait les pieds des deux protagonistes de la soirée. Le liquide séchait lentement sur le vernis, avec la chaleur qu’il y régnait, il allait mettre un peu de temps avant d’imprégner durablement le bois. Ce qui était intéressant, c’était comment les pieds d’Edelweiss tentaient d’éviter de marcher dans le sang. Il le faisait inconsciemment, et ce petit signe de rejet faisait sourire le seigneur. Durant toute la partie, l’ange avait été au bord des larmes. Il s’était tellement excusé de ce qu’il devait faire que Sayanel avait eu peur de devoir s’ennuyer.
Mais ils avaient été magnifiques.
Vous savez un peu comme une de ces tragédies qu’on jouait parfois à la cours du roi. Des hurlements, des lamentations, des ressentiments, des supplications… Et puis le silence. Ils avaient vieillis d’aux moins dix ans en seulement quelques heures. Edel leur avait soutiré tant d’émotions qu’ils découvraient à peine… Même si il avait agi comme un enfant, à toujours montrer une obtuse réticence, il avait fini par incarner son rôle avec cette grâce indéchiffrable dont il avait le secret. Sur son corps se parsemaient les traces de son dur labeur. L’odeur de l’hémoglobine, s’effaçait dans les senteurs âcres de l’urine. Le plus petit s’était lâché avant de tomber dans les pommes. Tous les autres avaient tenus. Sayanel parcourra du regard le corps de son serviteur. La prochaine fois il lui ferait porter du blanc, il serait magnifique. Déjà là, avec ses cheveux légèrement en pagaille à la racine, ses vêtements de guerriers, et son air hagard, il était renversant. Borné à se maintenir droit, comme si conserver une certaine contenance lui permettrait de ne pas s’effondrer.
La beauté capricieuse tyrannise les cœurs.
Ce soir les âmes de tous étaient tétanisées.
À commencer par celle de son Edelweiss.
« Hm ? Sayanel leva un sourcil, comme si il n’avait pas entendu les aveux de la femme et qu’il les apprenait à l’instant. Très bien, emmène là dehors, finis le travail. Demande à Richmond d’envoyer quelqu’un pour nettoyer. Puis va te changer et tu vas dormir dans la chambre. Il est un peu tôt mais ça ne fais rien. »
Sayanel n’avait pas donné d’indication sur ce qu’était « finir le travail ». Ils allaient tous mourir. Ici, demain, dans 5 ans, c’était un fait. Par contre Edel n’était obligé d’abattre madame lui-même. Bien sûr, il serait extrêmement satisfait que l’ange l’exécuta de son propre chef cependant… peut-être que, pour ce soir, il pouvait lui pardonner de ne pas aller jusqu’au bout. Après tout, la femme pouvait encore servir, si il se contentait de cautériser la plaie ce n’était pas mal non plus. Voir son Edel dans un tel état lui avait donné de nouveaux horizons, et il ne comptait pas se défaire de la moindre opportunité. Aussi il avait besoin des dernières ressources d’énergie de son petit hybride.
Le seigneur laissa son domestique effectuer ce qu’il avait à faire. S’évertuant à faire semblant de s’occuper les mains, il attendit qu’Edel passa devant lui, et du coin de l’œil, le surveilla jusqu’à ce qu’il aille dans la chambre. Ceci fait il tapa dans sa main d’un coup violent pour réveiller l’assemblée. Il sourit en voyant tout le monde sursauter. Les petites le regardèrent, terrorisées, elles étaient persuadées que leur calvaire avait pris fin avec le tortionnaire de leur mère. Le père lui, le fusillait du regard comme si il le tenait responsable de toute cette situation. Non, pas comme si, il le tenait pour responsable. Il déversait une haine silencieuse dans ses yeux noirs et Sayanel ferma lentement les siens avec un sourire satisfait. Sa vision dans le noir il pouvait projeter l’image mentale de leur visage à tous. Bien, il n’allait pas faire grand-chose ce soir, ils étaient trop fatigués, mais il pouvait poser les bases et reprendre demain.

Sans rien dire, le seigneur se leva et sorti de la maisonnette. Dehors il retrouva Lionwhite et ses hommes. La petite bande s’ennuyait fermement, depuis le temps ils avaient finis le campement, et attendaient l’action… D’ailleurs ils s’appelaient comment ? Ils étaient souvent partis ensemble pour des missions, et pourtant il ne se souvenait plus de leurs noms… Il en toucherait deux mots à Edel plus tard. À tous les coups Lionwhite se vexerait si il l’apprenait. Bref, une fois qu’il capta regard le regard de l’homme de main, il afficha un petit sourire à la question silencieuse de Lionwhite, puis lui demanda qu’une personne vint rapporter de quoi manger pour les otages. Il rentra dans la maison. Puis sans quitter le mari du regard, s’assit sur la même chaise qu’il avait occupée auparavant. Le plats furent rapportés par un grand brun (il fallait vraiment qu’il se souvienne des noms de chacun), qui regarda silencieusement Sayanel pour savoir ce qu’il devait en faire. En l’absence de réponse de sa part, il plaça une assiette devant chacun excepté le plus jeune toujours endormi. Personne ne bougea… le silence pesant tira un rire amusé à Sayanel.
« Et bien, mangez ! La journée a été rude, vous ne devriez pas laisser votre corps manquer d’énergie. »
Il regarda l’inquiétude dans leur yeux et pendant un instant il s’attarda sur l’aînée. Elle le fixait, effrayée, mais il discernait une certaine intelligence dans son regard. Malgré le peur et l’horreur, elle évaluait la situation. C’était remarquable.
« Mais…. Nous sommes encore attachés est-ce que vous pourrez juste…. Défaire les bras mais garder les mains attachées ? »
Elle déglutissait, s’exprimait d’une voix faible, mais elle avait parlé. Son père tenta de lui jeter un regard discret. Le seigneur y lisait de la fierté et de la surprise. Intéressant, c’était sans doute la première fois de la journée qu’Alan et lui était sur la même longueur d’onde.
« Vous avez une bouche il me semble non ? Avec un peu d’effort toutes les portes nous sont ouvertes mademoiselle. »
Sayanel s’inclina poliment et la regarda avec un air de défi. Elle fronça des sourcils ne semblant pas comprendre ce qui le motivait à les garder attachés. Ils ne pouvaient pas se défendre, encore moins elle et sa sœur mais… Elle commençait à comprendre les règles. Si elle voulait essayer de s’en sortir, c’était à cet homme qu’elle devait plaire. Lentement, sous le regard surpris et captivé de Sayanel, elle se baissa, les mains liées dans le dos vers son assiette posée au sol. Elle allait le faire ? Vraiment ? Chaque centimètre qui la rapprocher du sol accentuait l’hésitation dans ses yeux mais elle ne semblait pas s’arrêter. Si la nourriture avait été à même le sol aurait-elle seulement songé à ce qu’elle s’apprêtait à faire ?
« Ça suffit ! Eleonora tu n’avales rien de ce que ce chien peut nous donner ! »
Alan avait hurlé. Sayanel haussa un sourcil : si c’était l’humiliation qu’il ne supportait pas pourquoi l’avoir laissée aussi loin ? Venait-il de se souvenir que c’était le plat qu’il avait cuisiné l’après-midi ? En voulant se lever, Sayanel remarqua qu’il n’était plus assis sur sa chaise. Ah. Dans l’excitation il avait dû se lever pour se rapprocher d’elle, c’était cela qui avait affolé le père. Bougre ! Quelle faute élémentaire ! À moins qu’Alan pensait à autre chose qu’à la dignité de sa fille…
« Vous pensez vraiment que je vais vous empoisonner ! Quelle vulgarité.
-A d’Autres ! Votre… L’autre… vous êtes …. Il semblait retenir ses larmes en pensant ce qui était arrivé à sa femme. Allez mourir ! On sait que vous ne nous laisserait pas vivant ! Vous êtes… »
Sayanel se rapprochait d’Alan pendant que ce dernier tentait de libérer la haine qu’il avait en lui. Il bégayait, haussant le ton au fur et à mesure qu’il parlait. Pourtant lorsque le seigneur s’abaissa pour le regarder dans les yeux il se tut. Il avait été surpris, c’était la première fois qu’il le voyait de près, pourtant Sayanel comprenait qu’il n’avait pas peur de lui. Il avait peur pour ses filles, et peut-être son fils. Le seigneur d’Hargard prit l’assiette destinée au père et se relevant, entama cette dernière avec un sourire narquois. Il haussa les épaules puis sorti de la maison.

Dehors il retrouva, Lionwhite, ordonna que quelqu’un aille chercher le repas des enfants : aucun des otages ne mangerait ce soir. Puis la bande, Sayanel y compris cette fois, discuta entre elle des indications pour le lendemain et notamment pour cette réunion de mage. Prenaient-ils le risque de s’en occuper entre eux ? Oui, après tout, personne à part eux connaissait l’existence de cette réunion, même si il échouait personne n’en aurait vent. Il fallait donc garder les enfants en vie encore un peu le temps de tirer plus d’information à Alan… et le casser un peu. Sayanel avait un plan pour ceci, mais il avait besoin qu’un ordre soit suivis : personne ne donnait à manger aux otages. Les hommes parlèrent entre eux encore un moment. Lionwhite, très pragmatique, décida qu’ils partageraient entre eux le repas des otages pour ce soir : inutile de gâcher de la nourriture. Voyant que de ce côté-là tout était décidé, Sayanel rentra dans la maison. Il croisa le regard d’Alan, puis celui de la fille aînée… elle était mignonne quand même. Et à la petite, il posa un index sur sa bouche pour lui intimer le silence. A tous.
Ceci fait il entra dans la chambre.
Edel était une loque. Il était prostré dans un coin de la chambre, le regard vide et la respiration étonnamment calme. Sayanel soupira une fois. Il claqua des doigts et indiqua le lit de son index. Bien sûr Edel allait obéir, mais il n’aimait pas ce regard, il commençait à l’agacer. Heureusement le seigneur avait un plan pour ne pas passer une soirée ennuyeuse…Sayanel se déshabilla en tournant le dos à son domestique. Lorsqu’il eut finit il se posa sur le lit.
« Dur journée aujourd’hui. »
Doucement il tourna la tête vers Edel. Le serviteur ne l’ignora pas, il en était incapable. Sayanel se pencha sur lui, vint embrasser son cou et se mit à l’observer. De tous, Edel état celui dont il avait tiré le plus de satisfaction. Toujours a tiré sur ses principes, comme si il se tuait à petit feu mais qu’il ne pouvait pas aller contre. Un paradoxe ambulant…. Honnêtement, il aimait le voir déchiré lui-même son âme, par amour pour son seigneur. Par amour pour lui… C’était un concept qu’il avait beaucoup de mal à comprendre.
C’était aussi un jeu hilarant.
« Tu sais, avec ce groupe de mage je me disais…. Peut-être que je peux me débrouiller pour en sauver un. »
Sayanel fixait Edel. Il épiait la moindre réaction, micro réaction, la moindre miette d’émotion que son ange avait à lui offrir. Il n’avait pas fini de danser avec lui. Il le ferait toute sa vie, mais ce soir c’était un tango. Mouvements rapides, mouvements lents…
« Le plus petit ou la plus grande ? Il faudra convaincre ceux qui devaient s’en occuper à la base… Lionwhite ne sera pas facile mais si tu joues selon ses règles… Je ne sais pas, je suis vraiment incapable de faire ces choix alors je me suis dit… que vu tout ce que tu avais fait. Si une personne devait faire le choix ce serait toi. »
Il sourit. Quel meilleur cadeau pour Edel que de pouvoir sauver une vie ? Avoir la pathétique impression de faire repentance de ses actes ? C’était ce genre de petits cadeaux qui le faisait tenir. Et pour Sayanel cela ne l’engageait en rien. Il pouvait toujours vendre l’enfant et le lâcher dans un cargo pour un esclavage international. Il n’aurait qu’à lui couper une oreille comme preuve de mort et prétendre que les hommes ne voulaient pas porter un corps d’enfants par superstition. D’autres avant l’avaient fait.. Les autres mages devraient compenser la perte d’un seul gosse…. Ou il lui couperait la langue et les yeux, ça l’éviterait de parler et propager la rumeur que l’Evelyne l’avait laissé en vie.
Sayanel vint mordre le cou puis l’oreille de son jouet. Il se détacha, comme pour le laisser respirer. Il s’était exprimé doucement pour exprimer un semblant de compassion envers Edel. Du moins en donner l’impression. Le laisser respirer, lui permettait d’entretenir une sensation de contrôle sur la situation. Edel pouvait faire un choix. Et ça, ça lui faisait du bien.
Lentement, Sayanel regardait Edel faire son choix.
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